Oubliez la lointaine vision romantique et subversive de l’artiste, il est un travailleur innovant et réactif, adapté à l’entreprise et à l’auto-entreprenariat où il sait et saura encore longtemps se dépasser sans compter ses heures.
Si quelqu’un dans votre entourage s’autoproclame artiste, fermez vite la porte à l’empathie comme on verrouille les portières en s’arrêtant aux feux lors d’une traversée de Lima ou de Mexico.
Les grands artistes savent rire très fort quand ils crèvent la dalle.
L’artiste pleurnichard aura sa subvention si ses larmes sont des caillots de sang.
Oui, tuons les artistes en leur bourrant les poches de subventions et en les gavant de repas caloriques !!
Dans quelques pages votre regard sur les artistes va peut-être sérieusement changer et on ne vous en voudra pas si vous retirez dès demain vos enfants de l’école du cirque.
L’artiste, sans formation, sait toutefois très bien jouer du violon à la roumaine, sans avoir besoin d’entrer dans le métro, pour tirer des larmes à son entourage sur sa condition d’artiste qui souffre la douleur, l’injustice / l’indifférence / la spoliation.
Les artistes sont des grands inquiets sur le sujet précis de leur propre vie d’artiste.
Rappel : Les artistes qui quémandent du fric à l’État ne pourraient-ils pas aussi (ou plutôt) proposer une grande collaboration artistique avec deux (ou quinze) compagnies de CRS ♥ ultra bienveillants ♥. L’inventivité et le « se réinventer » rimbaldien c’est aussi ça, non ?
Les musées et les centres d’art ont été inventés pour distinguer ceux qui y entrent de ceux qui n’y entreront jamais, et c’est parmi ceux qui n’y entreront jamais qu’évoluent les artistes de ce monde.
Si les artistes ont besoin de l’État pour manger et payer le loyer, on leur lancera volontiers et de bon cœur des boîtes de conserve très lourdes sur la tronche.
La liberté légendaire de l’artiste s’échangera, avec la souplesse de son adaptation, pour une rutilante gamelle.
L’œuvre indépassable est un raccourci vers Dieu, mais en ayant bien faim, l’artiste la cédera pour une assiette de pâtes au gruyère et un demi-pain.
L’artiste novateur sera aimé le siècle suivant ou celui d’après, s’il a de la chance. Et s’il doit s’inventer que dans une décennie antérieure, il aurait été acclamé, il n’hésitera pas à le croire.
L’artiste n’a qu’un seul destin qu’il partagera avec la plupart des autres artistes : être éliminé.
L’artiste, c’est une femme de chirurgien qui a décidé de consacrer sa vie à l’écriture et à l’aquarelle.
Si on demande aux artistes et aux intermittents de défiler après les chars le 14 juillet, ils s’y opposeront par principe et seulement parce qu’ils craignent de ne pas y être attendus avec autant d’impatience que celle des gosses qui trépignent avant que la caravane du Tour de France n’arrive à leur hauteur.
Choisir son public et le découvrir moins nombreux que les membres du groupe qui présente son set ce soir, c’est parfois avoir fait un très bon choix artistique.
Un artiste médiocre si cela vous chante, mais on ne débattra pas sur le mot de trop et la science de l’épure : je /tu/ il /vous êtes des artistes.
L’artiste, c’est un fainéant planétaire qui néanmoins travaillera comme un dément pour peut-être cinq auditeurs de la tranche horaire 03H00-03H30 ou deux ou trois pélos égarés dans une FIAC.
Une bonne décompensation psychotique se substituera parfois à une œuvre pour la dépasser, hautement.
Tenir une œuvre qui ne soit pas celle d’un artiste : l’aubaine, le graal !!
Faut-il vraiment que le journal local, immense ramassis de racolages, de faits divers, de régionalisme poussif et d’idéologies très courtes, donne une petite visibilité et un unique éclairage à votre spectacle ?
Agoniser, oui, bien sûr, mais pas sans tenir le journal de son agonie ou sans une caméra pour la filmer.
Il y a pour l’artiste quinze secondes entre le moment où il finalise l’œuvre et la période où il attend du like et du commentaire.
L’artiste révolutionnaire qui n’a jamais passé 48 heures en garde à vue ou bien davantage en prison est fort habile ou/et sera soumis à expertise.
Chaque jour l’artiste signe des contrats, et plus souvent : des pétitions.
Artistes médiocres n’est pas péjoratif, juste, comme le disait Camus, il est important de bien savoir nommer les choses.
Toutes formes d’art, mêmes les plus pures, doivent à court ou à long terme mener vers une transaction financière ou un placement de produit.
C’est quand un individu déborde de son vivre (ou de son autodénigrement (la haine de soi)) que l’on approche peut-être un artiste, quand il est contraint à écrire, à dessiner ou à peindre, pour ne pas tomber malade, ou devenir une maladie qui le cloue à la création.
L’artiste s’efface totalement derrière le merveilleux.
Vous ne pouvez rien faire en art sans un smartphone.
Si le spectacle ou ce que vous voyez/entendez ne vous donne pas envie de plonger l’artiste dans un bain d’acide, la rencontre artistique n’a pas eu lieu.
Le rôle de l’artiste est d’atteindre le million de followers.
Tant d’artistes mauvais et stupides pour consoler des créateurs de ne pas être applaudis par des imbéciles.
La vie, elle-même, ne trouvera pas de plus sublime stimulant que l’art pour danser sa joie (même si souvent l’artiste lui gâche le paysage).
L’artiste vital, mais pour lui-même.
L’artiste indispensable à lui seul.
L’artiste de plus
L’artiste de trop
L’artiste a pour rôle politique le continuum.