Pour cet automne 2020, chers Libr-Lecteurs, vous disposerez d’un objet littéraire déconcertant et bouillonnant, d’une rare vie singulière : la somme épidémike de Joël HUBAUT, écrite dans les années 70 – et introuvable. [Lire le quinzième texte]
Dans INTER-ACTION C.L.O.M. (Joël Hubaut) (Le Clou dans le fer, 2007), Philippe Boisnard rappelle que, pour lui, « le terme d’épidémiK, loin de s’entendre au sens viral, doit s’entendre selon le principe d’une cancérisation » (homogénéité vs hétérogénéité). [Lire sur LC : « Lissez les couleurs »]
Fabrice Thumerel : « Étrangère au style comme appropriation idiolectale de la langue, la cancérisation épidémik fait sortir la langue de ses gonds. Dans lissez les couleurs ! à ras l’fanion (Al dante, livre + CD, 2003), à la mollesse de la « langue pure moulée à la louche », le poète excentrique oppose « une langue libre démoulée » » [cf. « Poésie, musique et chanson dans le champ poétique contemporain »]
Les signaux se répandent par un jeu/geste/travail récitatif, germes inondés qui frappent le blindage horaire, ses parois enduites d’images raisonnables que les signaux vont ensevelir, étouffer – Epidémie de signes – empreintes proliférant par le dessin, le son, l’odeur, etc… petits chromosomes en grains ou en bâtonnets – les plus longs en forme de filaments et fléchettes, croix et cercles marqués sur tous les supports puis redessinés – certaines espèces de mouches ont dans leurs glandes salivaires des cellules à chromosomes géants, ces chromosomes résultent d’un clivage longitudinal répété un grand nombre de fois donnant 4, 8, 16… 256 etc… filaments associés en un faisceau épais dont je reprends le principe d’une façon sonore en utilisant le clairon, la guitare électrique où le tube de caoutchouc et graphique sur tous les supports traditionnels tels que carton – papier – toile – peau – terre – végétaux – minéraux – eau – ciel – etc… les sons où les traces ainsi agglomérés prolifèrent dans l’espace créant une épidémie émotionnelle que favorise l’angoisse et l’obsession. Angoisse de l’uniformité pollutive et de tout le processus envahissant qui chaque jour obscurcit nos possibilités d’individualité. L’épidémie graphique ou sonore peut résulter d’un exorcisme (maladie – mode – pollution – religion – politique) qui strangule par son progrès nos initiatives de connaissances et de créativité – Epidémie picturale par l’ accident – les mouches – la culture, par l’eczéma et par la poésie – pestilence répétitive dont le cerveau vomisseur active le geste perpétuel – les cils vibratiles de notre fontanelle en sont les moteurs essentiels, peindre les teignes sur les toiles déjà couvertes de cellulite puis modeler les menhirs incubés de notre futur jusqu’à l’implosion (épidémie de sens et épidermie)…..
Joël Hubaut 1977… texte paru en 1977 dans la plaquette-catalogue « galerie le fil – Cherbourg »
à l’occasion d’une exposition de groupe ( Audouard- Gwezenneg- Hubaut- Louveau )
Visuel = « EPIDEMIK-BOX » (mission spatiale épidémik) co-production Michel Sohier / Joël Hubaut