Pour le printemps 2021, chers Libr-Lecteurs, vous disposerez d’un objet littéraire déconcertant et bouillonnant, d’une rare vie singulière : la somme épidémike de Joël HUBAUT, écrite dans les années 70 – et introuvable. [Lire/voir le vingt-deuxième texte]
Dans INTER-ACTION C.L.O.M. (Joël Hubaut) (Le Clou dans le fer, 2007), Philippe Boisnard rappelle que, pour lui, « le terme d’épidémiK, loin de s’entendre au sens viral, doit s’entendre selon le principe d’une cancérisation » (homogénéité vs hétérogénéité). [Lire sur LC : « Lissez les couleurs »]
Fabrice Thumerel : « Étrangère au style comme appropriation idiolectale de la langue, la cancérisation épidémik fait sortir la langue de ses gonds. Dans lissez les couleurs ! à ras l’fanion (Al dante, livre + CD, 2003), à la mollesse de la « langue pure moulée à la louche », le poète excentrique oppose « une langue libre démoulée » » [cf. « Poésie, musique et chanson dans le champ poétique contemporain »]
Avalement de la projection avalant l’air par les poches des hernies blessant la moelle des nuages d’ADN géo-imprimés en aplat cinématographique avec des taches géométriques noires et des contre-reliefs raplatis sur l’écran avalé dans les nuages d’ADN entre les taches noires du cinéma avec l’ombre blouson noir des grilles sous-cutanées tordues comme du Mondrian ramolli par la bio-chaleur des micros entortillant l’écran avec les couleurs méningées des décibels qui explosent débordant des cloisons de l’hypophyse du cadrage du film épidémique orange vert rose doré dans la vitesse supersonique des méthodes de prolifération artificielle de l’or… La peau greffée au ventilo téléguidé attaquant les rebords de l’écran avec le couteau à cran d’arrêt des hommes noirs automatiques qui traversent l’écran avec les super gonzesses pupilles rimmel vulve mouillante épilation absolue grandes lèvres imberbes gros bébé fille chatte géante enfouie entre les cuisses odeur de réséda chewing gum pisse clito jusqu’au bas des jambes translucides avec bottines en skaï rose argenté envahissant les surfaces lisses anémiées du cinéma pour sucer loin comme la crème fraiche de Normandie dans la bouche en inoculant le brouillage avec la musique de Varèse et de Nino Rota dans le four électrique blanc… Le grouillement polluant des signes grafo-cytoplasmiques tatouant les ventricules du cervelet vacillant frottant glissant fracassant la marge pariétale pour se répandre sur les photographies radiographiées en mordant les images / ovaires dans l’épaisseur de la vision radiographique jusqu’à entamer les sous-couches en rognant les strates glissant dans le vide du fond des images au rayon x sans fond à perte de vue dans la non-vue plus lumineuse que la vue-vue ultra violette hors-écran où le renoncement des images induit des images absentes décalottées dans la vision cinématographique plus profonde encore vers le non-fond total absolu de l’espace sans fond à perte de vue de l’imaginaire mycosé sans limite dans les bas fonds du fond sans fond radiographié en copulant dans la vaisselle avec les furoncles qui coulent dans l’embrayage avec les 47 scarabées …………. (suite du poème « Envahissement des pellicules de réalité dans la brèche souterraine épidémique » )…
Joël Hubaut, 1976
« Brindilles épidémik sur neige » : Photo, Jean-Pierre Chambon. /Joël Hubaut, 1976/