Nous sommes heureux de publier une nouvelle série de celui qui est passé maître dans l’art de l’humour caustique. [Lire/voir le « Plan de carrière n° 1]
Plan de carrière n° 2
Pour devenir chef du Bureau des Enlèvements
Soyons précis. Il s’agit ici d’enlever des personnes (voire des animaux de compagnie) non des véhicules mal garés ou des ordures ménagères. Bien sûr, il existe des situations plus prestigieuses mais l’encaissement des rançons en liquide compense largement l’infamie intrinsèque de la fonction. Infamie est un poil trop fort : disons aimable saloperie. Dans cette filière, il n’y a pas de passe-droit possible. Il faut travailler dur et accumuler de l’expérience, seuls moyens honnêtes de se hisser un jour au sommet. L’idéal est de commencer jeune et de se faire la main avec quelques chats, caniches ou rottweilers. On passe ensuite aux chevaux, par exemple en Normandie où les haras pullulent ; le taureau de course camarguaise est également monnayable ; le porc breton ne vaut rien (le veau des Landes non plus). En revanche, enlever un ours ou une girafe au zoo du coin est toujours rentable : ça pleure dans les chaumières, la rançon est bientôt payée. Enfin, pour parachever cette formation sur le tas, on s’attaque à une Miss régionale anorexique ou à une starlette du porno trashy complètement burn outée. Là encore, on joue sur la corde sensible (ou sur le cordon, c’est selon), et ça marche. Après ces débuts très prometteurs, la suite va de soi : les commanditaires se bousculent, les opérations s’enchaînent, le temps est au beau et l’argent rentre. Sur ce dernier point, il n’y a pas lieu de tortiller avec les mauvais payeurs : en cas de non-paiement de la rançon, on détruit le produit démonétisé (pas question de stocker) : il y va de la crédibilité de l’entreprise. Bref, après quelques années de cette vie-là, on a indiscutablement l’étoffe et le bagage requis pour s’imposer à la tête du Bureau des Enlèvements.