Nous sommes heureux de publier une nouvelle série de celui qui est passé maître dans l’art de l’humour caustique. [Lire/voir le « Plan de carrière n° 2]
Plan de carrière n° 3
Si l’homme est un loup etc., c’est qu’il y a des moutons.
Pour devenir Directeur des choix et options
La place est très recherchée ; rude, la concurrence. Les quatre chemins pour y aller sont l’intimidation, la frime, la menace, le crime en prime. Par exemple, il est de bon ton de tuer des chiens. Froidement. Ça plaît. Ça en impose. Un type capable, l’air de pas y toucher, de flinguer une quinzaine de chiens, toutes races et pedigrees confondus, en un rien de temps dans une rue piétonne, forcément on l’admire ; c’est un virtuose. Ah, quel carnage ! Souffle cuté, genoux qui tremblent ; c’est trop beau. (On ne va pas chipoter si dans le tas expire aussi un chien d’aveugle.) À présent, tiens, faudrait p’têt un fossoyeur. Et voilà l’homme de l’art. Il creuse un trou, dégage les bêtes crevées, nettoie les lieux nickel, et à la fin salue bien bas l’ennemi du genre canin qui d’un coup de menton impératif lui donne congé. Fin du show. Clair, le message : le type est cogné, complet fou. Et chacun s’attend à le voir bientôt s’acharner sur de nouvelles cibles : sdf, putes, vapoteurs, cyclistes bisexuels, ou tout autre groupe minoritaire. La menace prend. Danger bain de sang se met à clignoter follement. Qui va trinquer ? Bien, le tour est joué. Faut maintenant rassurer : revenir dans la rue aux chiens, sourire, serrer des mains moites, tailler des bavettes, afficher une poule présentable, faire des ronds d’jambe (et des dons aux caritatifs) ; tout ça sans négliger de quand même casser quelques pov’cons au passage. Ah, le chic type, il ira loin, on s’dit. Nous y voilà : la presse torchecul accuse le Directeur des choix et options en poste, 70 ans, d’avoir fait paraître sous pseudo un Guide du routard prostatique. La chose bientôt avérée, le scandale fait rage, et le gaga est poussé à démission. Ça y est : la place est libre.