Voici un extrait de l’introduction d’un essai en cours.
William Burroughs et Brian Gysing présentèrent le cut up comme une invention, comme un procédé de création. Mais c’était en fait une manière habile de sauter hors d’un problème général que rencontre l’écrit. On ne peut aller au bout de son objet alors on passe à un autre. On ne va jamais jusqu’au bout de sa pensée (y a-t-il un bout ?). On arrête. Hölderlin, dans une lettre à son frère : « Je m’aperçois que je dois m’arrêter. »
Dans l’écrit, la phrase n’épuise pas le sujet affectif. Où s’arrêter ? Plus exactement : comment justifier que l’on s’arrête là ? Par un point, un mètre, une rime, une coupe – ou le saut à un autre objet, une bifurcation, un déplacement. L’art (l’artifice) apporte une – vitale – justification. Le « tranchant », valorisé par Heidegger, n’est pas qu’une qualité, il est aussi censure de l’impossible, extraction d’une « forêt obscure ». Le rêve procède de manière semblable, il semble passer « d’une chose à une autre », il présente comme transformation un évitement, il dit nous n’irons pas plus loin.
→
La coupe, l’extraction, arrêtant la lame de fond
Puisqu’il faut en finir ?
Mettre le point à l’arrêt ?
Plutôt que fragmenter le sujet dans des pensées hirsutes fixant quelques cimes
J’aime le flux et le détour
L’arborescence d’une inconscience
Le rebours d’un oubli sautillant de dit à non-dit
Si vivant
Dans un écrit
Merci