[Chronique] Jean-Paul Gavard-Perret, Samuel Buckman : mur et lamentations.

juillet 10, 2022
in Category: chronique, livres reçus, UNE
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[Chronique] Jean-Paul Gavard-Perret, Samuel Buckman : mur et lamentations.

Samuel Buckman, Ce peu et tout chavire, Expotamie Editions, juin 2022, 142 pages, 17 €, ISBN : 978-2-9571872-4-9.

 « Tête sur les épaules j’ai reçu du positif enfoui maintenant dans mon for / intérieur il est venu de partout il est  / en moi il est à moi maintenant il me  / déborde », écrit Samuel Buckman avant de constater que son casier existentiel se vide…
Demeure « tout ce qui reste », comme disait Beckett. A savoir ce peu qui peut être quelque chose au delà des apparences lorsqu’elles  deviennent néanmoins de plus en plus transparentes. Ce qui n’est pas une « ciné-cure » lorsque l’écran de la psyché se vide.
Certes, comme toutes les espèces vivantes, chacun croque encore ce qu’il peut. Histoire de tenir encore. Si bien qu' »un substrat homogène plane sur nos racines », les nourrit dans la langue où il n’y a plus de langue mais où ça parle encore sur l’étendue blanche.
Tout reste ici dans ce ratissage existentiel  qui demeure avant tout affaire de langue. C’est elle qui permet au moins – loin des vagabondages – de compter les briques qui emmurent à petit feu même si elles aussi ne sont pas visibles. Si bien qu’il est impossible de trouver de quoi s’accrocher là où ces briques créent une muraille  de langue sans aspérités et sans espoir de les retrouver.
C’est pourquoi, écrit Buckman, « dans ma langue / pas de langue ». Ou du moins il prétend que c’est tout vide dedans. Voire… Car il faut voir cette langue et son  « ramassis » qui ne cesse de parler et dit au besoin « tais-toi ».
Et ce, car, depuis la  nuit des temps, tournant autour du pot du monde et de l’existence, le langage – en ignorant jusqu’à son nom –  reste sinon inconsistant à la traîne. Mais n’est-ce pas ainsi que quelque chose avance ? Même si elle rentre la queue entre les jambes, dans son trou le plus profond. Mais finalement en ce retour amont, toujours, « ça » avance – et ce livre le prouve.
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Jean-Paul Gavard-Perret

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