Pascal Boulanger, Si la poésie doit tout dire, Editions du Cygne, août 2022, 50 pages, 10 €, ISBN : 978-2-84924-705-1.
Le tout est de tout dire, écrivait Paul Eluard – et Marcelin Pleynet, Si la poésie doit tout dire.
Eluard poursuivait : et je manque (de temps, d’espace, etc.). Pascal Boulanger répond différemment : Si la poésie doit tout dire… Quelle soit des lignes de poids égal, treize, sur vingt-sept pages. C’est la première partie de l’ouvrage, rayures sur le néant, persiennes contre l’aliénation… Et si des mots (baisers, roses, caresse, ciel, vagues) se répètent, c’est que les choses ne sont pas posées une fois pour toutes mais se mobilisent sur l’instant, sans calcul ni surplomb. Cela s’appelle dépouillement, accueil simple de présences. Ailleurs que dans le discours sophiste, en dehors de la construction démonstrative.
La seconde partie de la composition, L’absente, voit trois lignes par page être liées et relancées musicalement par une ligature obstinée :
& l’absente ne déplace plus les montagnes
& tout s’engouffre dans la négation
& toute la nuit lacère le miel aux terrasses
Pascal Boulanger n’écrit pas naïvement, ni par mimétisme, il agit avec la conscience de ce qui est encore possible. Qu’est-ce qui fait l’identité poétique de sa poésie ? L’écart. Cette poésie repose dans son écart. Elle n’est pas en compétition.