[Texte] Mathias Richard, YEUX YEUX - 2

[Texte] Mathias Richard, YEUX YEUX – 2

novembre 27, 2022
in Category: Création, UNE
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[Texte] Mathias Richard, YEUX YEUX – 2

Elle fait do ré mi fa sol avec ses yeux.
Il fait do ré mi fa sol avec ses crissements de pneu. (À moins que ce soit « Au clair de la lune ».)

Elle fait du jogging maquillée à mort, comme une sorcière. Elle fait du jogging maquillée comme si elle sortait en boîte.

Lui fait du footing aspergé d’un parfum qui sent à trente mètres.

Elle fait du jogging maquillée. Il fait du footing parfumé. Ils sont faits l’un pour l’autre. Ils se croisent à chaque tour de parc. Et ils continuent à courir. Jusqu’à se recroiser au tour suivant. Et la semaine suivante. Etc. (Sans se parler.)

***

La première action : écraser des moustiques (tapis sur le mur près de la tête).

La vitre est si sale ça fait comme des rideaux.

Je me demande comment sauver ma journée.

Si ça se trouve je vis les jours les plus heureux de ma vie et je ne le sais même pas.

Ça c’est pas un souvenir à la petite seconde.

Avant j’étais le plus jeune, maintenant je suis le plus vieux. (Grenouille Crockett fait des claquettes).
Y a longtemps j’étais Marlon Brando avec ce t-shirt blanc. Maintenant il est tout mité avec plein de trous dedans. Je le porte quand même, en souvenir !

Mes pulls puent. Tous mes pulls puent, tous mes pulls puent, tous mes pulls puent.
Mes pulls puent et pulullent. Tous mes pulls puent et pulullent.

La Réincarnation en Champignon ou la Métsentmycose !

Dans cet appart le sol s’effrite littéralement sous les pas. Si je vis encore dix ans ici, c’est sûr, je vais faire un trou dans le sol avec mes pieds. À force de marcher on finit presque par entrapercevoir le crâne du voisin du dessous. (Par effriter son crâne ?).

C’est le genre de personne qu’on veut pas connaître, que personne ne veut connaître. C’est le genre de personne à qui l’on préfère ne pas penser (penser qu’elle existe, qu’elle agit), dès que l’on peut.

Du coup. Je ne pense rien de précis !
Et je dévore une bouffe délicieuse qui me donne des boutons que j’éclate pour les manger à leur tour !

Pourquoi les courses sont aussi chères ?
Pourquoi le pain est aussi cher ?
Pourquoi les œufs sont aussi chers ?
Pourquoi tu m’es aussi chère ?
Peuchère !

D’aussi loin que je me souvienne, depuis que je suis parti du foyer parental, j’ai jamais eu un logement où j’étais bien. Un « chez moi », un sanctuaire.

– Mon téléphone sert uniquement à être démarché pour des publicités.
– Mon antivol coûte plus cher que mon vélo.
– Un étranger m’a volé mon racisme.

Se fabriquer des programmes d’actions et comportements choisis, pour contrecarrer l’enfermement (non choisi) de ses déterminismes.

« Ma Théorie est une Beauté de Carnaval. » (à dire en français avec un accent espagnol exagéré, emphatique !).

 

 

 

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