[Texte] Laura Caron, Poésie électrique du 25 février 2023

[Texte] Laura Caron, Poésie électrique du 25 février 2023

avril 26, 2023
in Category: Création, UNE
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[Texte] Laura Caron, Poésie électrique du 25 février 2023

          // Intro

Je suis coincée dans le sel des sensualités scientifiques.
Les secrets serrés contre les sentiments soumis suçent le désir sans cieux et les desseins, sanscrits de simplicité sous la sournoiserie des supplices, s’émancipent des statistiques censurées.
Se rassasier réside souvent de l’irrationnel.
Et l’indicible se transmet dans ces sourires suspects.
S’il te plaît ne me laisse ne me LAISSE MOI tout déconstruire.
Le serpent sans retour ne sait se satisfaire des silences édifiants et des souvenirs essoufflés

            // Dans le train aller (direction paris)

L’américaine me dit qu’elle n’arrive pas à me peindre et elle répète. 5 fois le mot. Ça me gèle. J’ai la tragique impression d’être une forme lisse dépourvue de fond, dépourvue de matière. Une pierre. Couleur bière ambrée les yeux, bière brune bien amère oui. Mais la musique est un peu brutale par rapport à la douceur de la jeune fille. Alors selon lui, je suis douce. Mon corps l’est, lui, oui c’est sûr. Et moi je me demande si je ne trouve pas beau que ce qui est pur. Tu ne viens pas d’ici, toi, si ? Enfin, tu as des origines ? Coiffée ainsi on croirait voir l’arlésienne. Ces femmes-là sont dangereuses. Ma mère est catalane. Ah ! C’est pour ça. Faudrait-il que je sourie parfois ? C’est un mélange d’Ingres et Manet, on ne va pas se plaindre. Est-ce-que je pourrais avoir un peu de chaleur sur les pieds ? Ah oui qu’elle ne s’enrhume pas quand même.
Je ne sais vraiment pas pourquoi je fais ça. Je donne en silence. Ça me fait beaucoup de bien. On ne me demande rien que d’être là et j’ai tout le loisir de penser.
Il y a le bleu lumineux des cités que l’on quitte. Approximativement. C’est le règne de la superficialité aux abords du volcan. Jetez-vous y un peu pour voir. Je voulais annoncer aux ombres que c’est bien joli mais que ça n’est pas si simple de jouer au soleil.
Il y a des périodes où je suis gentille avec tout le monde et d’autres où je ne le suis avec personne. J’ai vraiment hâte de vous retrouver. Mes sœurs, les perles rares, mon seul collier.

          // Dans le train retour (direction Marseille)

Souvent les hommes sont plus grands que leurs maisons. A la gare, tous les trottoirs sont roses comme les rails du chemin de fer. J’ai vu des taureaux plus noirs qu’un écran sans rayures et sans traces. Et les champs de tournesol noirs, et les champs de carbonite noire. Est-ce qu’ici aussi les paysages ont pris feu ?

Camus a dit Notre monde n’a pas besoin d’âmes tièdes, il a besoin de cœurs brûlants. Peut-être qu’avec le temps, on cesse de vouloir tout révolutionner. Peut-être pas du tout d’ailleurs, peut-être que c’est de pire en pire pour peu qu’on ne sache pas couper les poires. Je croyais avoir appris à dire oui mais j’ai encore envie de dire non, et de dire merde. Figures du refus, je m’épouvante d’un rien, me refais tragédienne en un peu plus dangereux puisque je n’ai plus la totalité de mon insouciance.

Réceptacle, belle jarre ; les vases brisés de nos sarcasmes. L’osmose peut-être adviendra.
J’ai des mécanismes usités dans mes têtes.
Ça coince, ça fait des carreaux noirs et blancs, pas très intéressants. Mais merde.
C’est glauque, ça m’obstrue, ça m’octroie les bronches des nœuds de gomme.
Les gargouilles du clocher sont figées et la grosse aiguille est trop lourde à présent. Je ne peux pas de mon poids la faire tomber. Attendons. Réquisitionnons, habitât de poutres pointues. Mais merde.
Recevoir, restituer, dégouliner dans un récit. Qu’est-ce qu’il faut dire ?
Nous vous recevons, nous vous restituons, nous vous écoutons dégouliner en silence sur nous. Lâchez les ailes des funambules. Flaire les filets, tout faire foirer. Mais merde, il faut crier plus fort qu’une cravache pour se désinterpréter.

Pèlerinage des guérisons enfouies, il fallait au moins ça avant de retrouver le camino libre. Les cheveux fins et légers tombent comme des pluies venues d’en-haut sur les vêtements noirs qui ne laissent à personne l’indifférence d’une sensibilité trop interloquée. Je ne suis pas sûre de là où j’avance, et elle utilise toujours le même rythme quand elle tente de dire quelque chose. Il est temps.  J’observe avec amusement ce qui se traverse. Il n’y a rien à faire.

Dans quelques mois à peine trois, nous rirons de tout ça. Nous nous souviendrons de ce qui fume encore et persiste dans les braises et les gouttes des contrées oubliées au fin fond des entrailles géographiques, de notre cité de pierres blanches et d’oranges, de pastis et d’étranges rencontres oubliées dans les matins brulants, les lèvres closes des crânes coupés de la toute affreuse réalité. Je ne suis que le grain de cette poudre qui se balaye du revers de la main, d’un doigt gras de sucre de nos cœurs toujours bruns qui ont l’odeur des vieux alcools, des fruits amers. Ah la mer.

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