[Chronique] Yves Boudier, En vie, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

[Chronique] Yves Boudier, En vie, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

septembre 15, 2023
in Category: chronique, livres reçus, UNE
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[Chronique] Yves Boudier, En vie, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

Yves Boudier, En vie, sur des monotypes de Léa Guerchounov, éditions du Paquebot, avant-dire d’Esther Tellermann, photographies de Patrick Parchet, juin 2023, 72 pages, 20 €.

 

Sous-titré intra – foras : dedans – dehors. Ce qui est foré là dans l’espace-temps.

Quand les origamis d’une jeune plasticienne, Léa Guerchounov, aux échos en relief, en tranche de livre, de ses installations, par le fait du poète (et d’un bon photographe, Patrick Parchet, d’un maquettiste efficace, Pablo López-Auguy) se gravent dans le marbre des millénaires ;

Quand en remonte la poésie par capillarité mémorielle, comme à l’envers d’un palimpseste, dans toute son épaisseur d’espace-temps, délibérément sous-titrée dans le latin dont est née mais se déleste notre langue et qui imprègne toute l’œuvre d’Yves Boudier ;

On respire : au plus contemporain, en contrepoint salubre de la sur-communication contemporaine. En main un très beau livre, une lourde plaquette au monotype de couverture marmoréen feuilletant, effeuillant le tombal aux antipodes du titre qu’il éclaire.

en vie célèbre les noces ontologiques « dedans / céans » dont l’art est un acte charnel : « L’énigme luxure / zone sacrée / sondée » ; « l’exode / repli » ; « le muscle s’empare / du monde » ; « liturgie indivise / de l’origine // le plein / office ».

Au plein chant du plain-champ, à son temps majeur, « la morale acquitte / sa dette charnelle » dans un livre lourd léger de son pesant d’orgastiques ombres chères, la jouissance exhumée inscrite dans le marbre.

Aux trois temps d’une poésie verticale rompue net, les larmes d’Éros distillent un goutte à goutte d’aurore boréale dont spondées peut-être tiennent en haleine le fond de pensée de l’hexamètre dactylique, le mètre d’Ovide. D’Amours en Art d’aimer, comme en une constellation de Métamorphoses le plus contemporain poète latin répond à l’ire d’Auguste du fond de son exil, au ciel de lit son séide du vingt et unième siècle égrène les platoniciens (?) échos de caverne de parois utérines jusque dans « l’extrême / viscéral ».

Aux trois temps sensuels, ante rem, in re, post rem, d’un réel déchosifié de son matérialisme, et d’autant mieux athée.  

Le poème ne joue pas du souvenir mais de la mémoire dont il respire […] pour écrire l’incandescence de la rencontre, reprend en quatrième de couverture la préfacière Esther Tellermann.    

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