[Chronique] Christophe Stolowicki, En hommage à Ghérasim Luca

[Chronique] Christophe Stolowicki, En hommage à Ghérasim Luca

octobre 13, 2021
in Category: chronique, UNE
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[Chronique] Christophe Stolowicki, En hommage à Ghérasim Luca

Ses tendres boutons ont éclos, Gertrude appelle et Gertrude a trouvé son altère écho : un héros-limite, Ghérasim Luca, de langue en langue sa réplique.

Trope sur trope éclatent se dérobent, ceux dont aucun poéticien ne trouvera l’appellation hellène contrôlée, d’autre et de part d’une nouvelle mer intérieure dont les greniers à maïs situent les nouveaux riches parmi lesquels Gertrude Stein est l’exception raisonnablement pauvre.

Lui finira sa vie dans les eaux d’un fleuve dont Paul Celan a déjà tâté.

Quand « le on du violon » culmine en coda, en queue de rat, sur « qui déjoue ainsi le jeu androgyne / du on et de la ine […] / le i du o du o du n / du haut de la haine », l’impur jeu consonantique et vocalique, l’allitération joueuse dans tous ses états fait imploser le sens. Ce qui en nous fait rage comme du grand jazz est l’allitération séquentielle, digressive bout à bout jusqu’à se mordre l’aqueux nombre d’or, d’or et d’or dur – sec en ciel de lit où se lient se dénouent les accords. Si la rage nous porte, ou la terreur, on peut continuer ainsi quelque temps jusqu’à pause respiratoire, « ainsi le sein est bien obligé de verser son lait dans une autre version de la hantise qui est innée à sa néantisation », autre que « la vipère dans la vie du père » taisant celle qu’est le vit du père. Cela dans La voie lactée, cette sœur lumineuse de celle débutant la mise en verbe, en verve dont vers veine mitent de la fin au siècle dernier.

Tout en acomptes, arrhes, tout en racontars, rencontres d’art un bégaiement existentiel existe en ciel, en selles, étrons de tronc majeur, comme un halètement de contrebasse ; en ciel de lit, de lie en soi, de soi la soif inextinguible : « comme une comète en coma dans le ventre de la terre ».

Ma déraison d’être un jeu mais non gratuit, coûteux à couteaux tirés d’un trait. La paronomase adjonctive une valse sans temps, sentant que sentencieuse elle jalonne d’yeuses, d’yeux de chat ses quatre temps. Propositions loufoques entre fou et loques détissant ce peu de lien logique qui loge, inique, dans notre équanimité ; « hermétiquement ouverte » la femme aimée, qui rappelle celle courant dans les rues de la ville chacun peut lui parler.

La redondance suréquipée, le re don d’anse et de broc, ce don des dieux dont ils ont fait à l’homme l’offrande métaphysique comme à un héros-limite forant et métaphorisant. Cela en langue de mise en bouche, de mise en boucle. Une métaphysique érotique où le préfixe suffit à tout nommer.

Un hymne à la langue dans tous ses soubresauts à la ligne, de tous ses sombres sots dégagée à la ligne, celle de flottaison. On est sans mots devant ces jeux d’émaux aiguisés à plaisir, rongés à gésir de toute la gîte imprimée. De tout le roulis en roue de paon de Pan. Paronomastique comme est paroxystique la mendicité, l’âme en dit si tait, l’amant dit cent fois cité. La mendicité érotique, n’en parlons pas : erre, ô tique, aire aux tics, air ôte hic et nunc de son champ de vision.

Depuis Villon et Agrippa d’Aubigné rarement poésie aussi masculine n’a agité son oriflamme, son or en flammes de femme aimée.

 

 

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