[NEWS] NEWS DU DIMANCHE

En ce début novembre, l’actualité vous convie à vous interroger sur ce que les femmes font à la poésie, à méditer sur cinq livres de premier plan et à sourire avec Ovaine – quelle vaine !

Vient de paraître…

Ce que les femmes font à la poésie, entretiens et textes inédits recueillis et présentés par Fabrice Thumerel, Lanskine éditions, format poche, en librairie depuis le 6 novembre 2025, 248pages, 14 €.

Un vers de Liliane Giraudon, extrait de Polyphonie Penthésilée (P.O.L, 2021), sert de fil rouge à Fabrice Thumerel, acteur et connaisseur du champ poétique actuel, pour s’interroger sur les conditions d’écriture des poétesses d’aujourd’hui (ce que l’espace poétique fait aux femmes) et la diversité de leurs pratiques (Ce que les femmes font à la poésie).

Après son introduction qui explicite le projet en s’appuyant sur l’œuvre de Liliane Giraudon et en mettant en perspective l’actuelle création au féminin, il interroge quatorze autrices qui n’ont pas été choisies parce qu’elles incarneraient une soi-disant « écriture féminine », mais pour les apports formels et thématiques qui leur ont valu une certaine reconnaissance dans le pôle des écritures exigeantes.

Il y sera question du féminin, de #MeToo, du corps – y compris de et dans la langue –, de la critique des représentations dominantes du monde occidental, d’objets poétiques hybrides, de nouvelles interrelations entre poésie et musique…

Cette somme respecte certes les principes du dossier mis en ligne sur Libr-critique.com en 2022-2023 – entretien constitué de trois questions-réponses, suivi d’un inédit –, mais a été conçu comme un tout cohérent et différent (outre que l’ensemble est précédé d’un avant-propos inédit, il s’est étoffé avec la participation de nouvelles autrices et par ailleurs présente des entretiens et des inédits revus).

Ce volume collectif vise donc à donner un aperçu de la création actuelle au féminin ; il est unique en son genre puisqu’il s’accompagne d’une mise en perspective critique et historique, évoque un #MeToo dans le microcosme poétique et permet de découvrir une sélection inédite de poétesses qui ont pris le temps de rendre compte de leurs expériences et d’offrir un inédit. En cela, il s’adresse à un public élargi : amateurs passionnés de poésie et professionnels du secteur, étudiants et professeurs…

Liste des autrices : Liliane GIRAUDON – Katia BOUCHOUEVA – Elsa BOYER – Séverine DAUCOURT – Aurélie FOGLIA – Hortense GAUTHIER – Laure GAUTHIER – A. C. HELLO – Sophie LOIZEAU – Virginie POITRASSON – Marina SKALOVA – Maud THIRIA – Véronique VASSILIOU – Isabelle ZRIBI.

Nouvelles aventures d’Ovaine /Tristan Felix/

Le Hasard, à deux doigts de jeter l’éponge avec les dés, consulte Ovaine.

– Ô Pythie, j’suis dans l’pâté et n’en puis plus, aie pitié, plus rien n’arrive que je ne sache…

– Les cartes disent pourtant qu’une pelletée d’aléas a toute chance de te brouter le mou.

– C’est que je n’ai plus beaucoup de mou à brouter. Je suis dans le dur, c’est rude.

Alors Ovaine retourne ses cartes comme des crêpes (le loup grêle en alerte surbrille des dents).

– Au pire du pif je dirais que ton avenir a encore du passé devant lui et que tu vas faire fortune !

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Le temps qu’Ovaine passe à se souvenir, hop ! le souvenir saute dans l’oubli à pieds joints.

Par mesure de sécurité elle installe des pense-bêtes à tous les carrefours.

Une girafe lui rappelle le jour où elle a grandi de 10 cm d’un seul cou.

Un lombric lui rappelle quand elle s’est tordue de rire à jamais.

Une simili tortue lui rappelle que la mémoire ne lève que des lièvres de mars.

Ovaine, postée un peu plus loin, se rappelle qu’elle existe.

Libr-livres reçus automne 2025 /Fabrice Thumerel/

► Véronique BERGEN, Saint-Just, roman, Tinbad, 140 pages, 17 €.

Ce roman polyphonique (tout parle, jusqu’aux pierres et aux animaux !) rend compte avec brio et inventivité d’une Terreur qui sanctionne le refus aristocratique « de sortir de la féodalité et d’assouplir l’Ancien Régime » mais finit par se retourner contre les partisans de la Liberté.

► Liliane GIRAUDON, Pot pourri, P.O.L, grand format « Poésie », 152 pages, 20 €.

L’autrice revendiquant une esthétique de l’impur, son Gueuloir est un Pourrissoir : « toi qu’on dit Poétasse / pour t’être vantée dans l’art des épluchures » (p. 130)… D’où un bric-à-brac de fragments, « Indications de scène pour un théâtre injouable », de photos et documents divers – dont certains vont jusqu’à donner à voir les signes du corps malade.

► Christophe HANNA, Sociographies. Une écologie des écritures, éditions Questions théoriques, coll. « Forbidden Beach », 320 pages, 18 €.

Avec ses sociographies qui posent l’écriture comme sociotechnique transformant sa production institutionnelle, toujours aussi brillant et déton(n)ant, le poète et théoricien nous invite à sortir la poésie et la poétique des définitions substantialistes et des affirmations qualitatives. Ainsi étudie-t-il aussi bien un débat présidentiel que l’œuvre de Manuel Joseph.

► Christian LIMOUSIN, Mangeant une étoile du ciel, Douro, coll. « La Bleu-Turquin », 212 pages, 20 €.

Le roman de Romain Gary Les Mangeurs d’étoiles comme une anecdote de Jacques Cauda renvoyant à la tombe de Bataille ne sauraient rendre compte de cette somme que son auteur – critique, historien d’art et poète mort en 2013 – présentait comme une suite aux Larmes d’Eros : un éventail de formes pour donner à voir et dévorer une galerie de peintres qu’il enviait et admirait – avec un appétit semblable à celui de Christian Prigent.

► Fanny QUÉMENT, Partir en 404. Une fiction pas très au clair avec son genre, Le Nouvel Attila, coll. « Othello », 128 pages, 13 €.

Voici le parcours plein de fantaisie de Yel – en Peugeot 404, of course ! – qui vise à saisir l’engrenage de l’erreur sous toutes ses formes, y compris linguistiques… et ce faisant propose un pas de côté vis-à-vis des usages normatifs, y compris en littérature…