Un des chapitres de Légende, le roman de Philippe Sollers paru en mars dernier, se place sous le titre « Père » (le suivant se placera sous celui de « Fils »). On peut y lire ces lignes : Si je préfère, à titre exclusivement privé, garder le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui ont produit tant de chefs-d’œuvre, je suis contraint d’abandonner la Volonté de Dieu, c’est-à-dire la volonté criminelle de puissance. Je sanctifie le Nom, je désire le règne du Fils, mais je supprime le vœu aveugle et pieux de la Volonté. Tout autre proposition me paraît hérétique.
Souvenir de Georges Bataille ? Lequel écrivait « – O mon père, toi, sur la terre, le mal qui est en toi me délivre. Je suis la tentation dont tu es la chute. Insulte-moi comme j’insulte ceux qui m’aiment. Donne-moi chaque jour le pain d’amertume. Ma volonté est absente dans les cieux comme sur la terre. » L’auteur de L’Expérience intérieure venait d’introduire sa prière nouvelle ainsi : « Me souvenant des Poésies de Lautréamont, j’inventais d’inverser les termes du Pater. Comme une histoire continuée… »