Nous tenons à remercier Claude Minière pour cet inédit qui fait écho à un certain vent d’est – juste après la parution de son dernier recueil, L’Espace entre l’éclair et le tonnerre (Gallimard, février 2022).
« Les hommes ne savent pas le printemps,
que l’herbe connaît bien » (dicton chinois).
On n’a pas entendu ce que portait le vent
là, c’est au niveau de l’oreille interne
le bleu du ciel le jaune des moissons
le vent de sable et le vent de la destruction
*
Les brins d’herbe s’agitent doucement
pourtant on ne voit pas encore le vent
on ne doit pas toujours chercher
plus loin, ni même les arbres
*
C’est actuellement plutôt l’hiver,
est-il plus facile à prévoir
ce qui souffle
le chaud et le froid
la mort les carcasses
*
Les vêtements arrachés le poids du sac
le train qui manque je reste avec toi
les photos
*
D’abord le phénix, plus tard un insecte
pour dire la résistance les saisons
l’urgence les kilos les reins les graines
tout est bon contre l’envahisseur
puis renaîtra le pays
dans le sol les fourmis
des sœurs auront grandi hors les sectes
*
Raspoutine fut assassiné
l’année suivante avec changement de calendrier
ses assassins assassinés
la Neva était gelée
*
le vent d’Est a changé de sens
Le vent d’Ouest se lève au couchant
d’une civilisation dans l’océan
a couru s’essouffle occis
cavalier au galop
armure et partition
*
Les vents sont le plus souvent dans le vent