[NEWS] Tourbillons novariniens et République des traducteurs chez Charybde

[NEWS] Tourbillons novariniens et République des traducteurs chez Charybde

mai 15, 2022
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[NEWS] Tourbillons novariniens et République des traducteurs chez Charybde

Ainsi font les œuvres de Valère Novarina : aspirer en tourbillons vers l’antimonde les formes et les signes de notre mondimmonde.
L’univers de Novarina : de babils à Babel…

Comment s’orchestrent les tourbillons baroques de signes et de formes qui apparaissent, reviennent et disparaissent dans les travaux de Valère Novarina, écrivain, metteur en scène et peintre ? Cette question, centrale dans sa poétique, rend aussi bien compte des Actes du Colloque international de Cerisy (hiver 2020-21) que du dernier ouvrage collectif, publié également chez Hermann, sous la direction de Marco BASCHERA et Constantin BOBAS, La République des traducteurs.

 

Marco BASCHERA et Constantin BOBAS dir., La République des traducteurs. En traduisant Valère Novarina, éditions Hermann, hiver 2021-2022, 324 pages, 22 €, ISBN : 979-10-370-1011-7.

Avec un texte inédit de Valère Novarina. Postface de Marc-Alain Ouaknin. Articles de Marco Baschera, Constantin Bobas, Frédéric Boyer et Olivier Py.
Textes et traductions de : Leopold von Verschuer (allemand), Georgine Ayoub (arabe), Louisa Mitsakou (grec), Angela Leite Lopes (Portugais du Brésil), Natalia Mavlevitch (russe), Enikő Sepsi et Zsófia Rideg (hongrois), Amin Erfani (anglais américain), Albert Arribas (catalan), Chunyan Ning (chinois), Gioia Costa (italien), Yuriko Inoue (japonais), Cesc Gelabert (langue-danse).

 

« Le novarinien est une descente aux langues » (p. 262), pointe pertinemment Marc-Alain Ouaknin.
Si écrire, selon Novarina, c’est ouvrir « un passage au travers du langage » (« Journal de travail », p. 19), traduire c’est inventer une chambre d’échos où résonnent divers abouchements au monde.

D’où l’importance poétique que revêt la traduction pour celui qui pose que tout écrivain véritable écrit en langue étrangère : en régime novarinien, écrire, c’est autrer. Dans leur avant-propos, les directeurs de l’ouvrage soulignent d’ailleurs ce point : « L’importance que V. Novarina accorde à l’espace entre les langues et à ce qu’il appelle la profondeur du langage exprime l’affirmation d’une ouverture vers la pluralité des langues ainsi que d’une mise en étrangeté salutaire de chaque langue par rapport à elle-même » (p. 7).
Aussi, « dans la République des traducteurs, l’esprit de la traduction se déplie comme une onde. Il traverse les langues, les écritures et les cultures, il soulève et entraîne hors d’elles-mêmes les signes émus de leurs retrouvailles et les élans créateurs de leurs rencontres sur une scène de théâtre » (6). Ce livre est du reste le résultat de deux rencontres sur une scène (celle de l’Odéon en 2011 et celle du Théâtre national de la Colline en 2019) avec de nombreux traducteurs, qui génèrent de mystérieux tourbillons de signifiés et de signifiants.

Le projet « de retrouver une mémoire perdue par une disposition ouverte à la respiration commune des langues » (6) confère à l’entreprise sa dimension politique : au diable le « globish » mondialisé, il s’agit au contraire de réinventer une mondialisation à taille humaine grâce à un dispositif savamment novateur qui provoque de foudroyants télescopages poétiques.

 

 Et comme l’œuvre nous transporte perpétuellement de Charybde en Scylla, c’est tout naturellement que RV est donné chez CHARYBDE – Ground Control (81, rue du Charolais 75012 Paris) autour de Valère NOVARINA le mercredi 18 mai à 19H30, avec des lectures et échanges tourbillonnants.

 

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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