[Chronique] OLIVIER RACHET, UNE DIVERSION, PAR CLAUDE MINIERE

[Chronique] OLIVIER RACHET, UNE DIVERSION, PAR CLAUDE MINIERE

décembre 3, 2022
in Category: chronique, livres reçus, UNE
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[Chronique] OLIVIER RACHET, UNE DIVERSION, PAR CLAUDE MINIERE

Olivier Rachet, Une Diversion, Tinbad, paru en librairie le 24 novembre 2022, 109 pages, 15 €, ISBN : 979-10-96415-51-9.

 

Tout le monde ment.  Voulons-nous être sauvés ?  L’auteur veut-il vraiment être sauvé ou trouve-t-il sa jouissance – c’est son Job – dans la description de nos plaies, nous qui sommes tombés ? Page 37 : « Le sexe n’est ni une obligation ni un jeu.  C’est une épreuve en soi, une expérience qui permet ou non de traverser les blessures du monde dans lequel vous êtes tombés. »  Tombés, au pluriel.  Une condition générale, donc. Nous ne serons jamais rachetés (lire pages 73-75 la litanie sur le « crachat »). L’humain est habité par le désir de tuer, Olivier Rachet en soutient la conviction. Jusqu’au bout. Jusqu’à la page 109 : « L’aube sans cesse renaissante tranchera tout lien de subordination. Tue. La lettre tuera. – Décembre 2019, Rabat. »

Alors ? « Ne plus prier, écrire ». Pour alibi de la traversée ici exposée, l’écrivain prend le récit d’une tentative de retraite spirituelle qu’il fit en l’abbaye cistercienne d’Aiguebelle dans la Drôme. La diversion sera le fil du récit sur lequel se greffent réminiscences, flash-back, commentaires et projections. Olivier Rachet, bon écrivain et poète, prend tout ce qui lui passe par la main (la masturbation comme délibérée prise en main des rêves) pour penser, critiquer, décrire, imaginer. Sa culture est abondante (une mention d’Hadewijch d’Anvers, page 86, ce n’est pas si fréquent, mérite à mes yeux un salut particulier). Littérature, Histoire, Peinture, Musique…

Le rythme du récit, le rythme de l’épreuve, est celui d’abandons et sursauts, campé et écoulé. Après Guyotat, on n’avait plus d’autres exemples d’une telle fantasmagorie. L’écriture est  implacable, tellement dense d’informations que le lecteur peut avoir la sensation qu’il n’est aucun extérieur, pas de marge, et que le texte absorbe en lui-même toute vibration.  Heureusement (heureusement à mon goût), un chœur, à la tonalité de psaume, vient rituellement marquer de place en place une pause dans le déroulement linéaire et permet au lecteur de souffler.

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