[Chronique] AUTRICES. Ces grandes effacées qui ont fait la littérature, par Marie-Josée Desvignes

[Chronique] AUTRICES. Ces grandes effacées qui ont fait la littérature, par Marie-Josée Desvignes

décembre 18, 2022
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[Chronique] AUTRICES. Ces grandes effacées qui ont fait la littérature, par Marie-Josée Desvignes

AUTRICES. Ces grandes effacées qui ont fait la littérature. Textes choisis et présentés par Daphné Ticrizenis, préface Titiou Lecoq, illustrations de Marie Fré Dhal. Tome 1/ du Moyen-Age au XVIIe siècle, éditions Hors d’atteinte, septembre 2022, 304 pages, 26 euros, ISBN : 978-2-38257-063-0.

 

La prise de conscience depuis une vingtaine d’années de l’absence des femmes dans les manuels d’histoire littéraire suscite de plus en plus de recherches. De nombreux ouvrages universitaires et colloques sur les femmes en littérature leur sont consacrés.

Comment doit-on appeler les femmes qui écrivent ? Sont-elles des autrices ou des écrivaines ? Telle était la question qui s’est posée après l’avènement de #MeToo. Rappelons toutefois qu’en 2019 l’Académie donnait toujours un avis défavorable à l’emploi du mot « autrice », terme pourtant couramment utilisé jusqu’au XVIIe siècle. Avec pour mission de définir le bon usage de la langue, celle-ci avait déjà opté pour la fameuse règle du « masculin (« genre plus noble ») qui l’emporte sur le féminin » et évacué la précédente règle dite de proximité (ex : les hommes et les femmes sont belles).

Il y a une vingtaine d’années, je participais à un colloque intitulé « E comme écrivaine » organisé par le GRAIF, organisme féministe, autour de la question de la place des femmes en littérature et il y était exactement question de l’effacement de celles-ci dans les manuels d’histoire littéraire au fil des siècles. Les recherches pour sa thèse, que nous avait présentées Audrey Lasserre, portaient précisément sur ce processus d’effacement qui était dû, selon elle, au fait que les manuels d’Histoire littéraire étaient essentiellement écrits par des hommes, alors qu’ils sont étudiés dans le second cycle et à l’Université. Dès leur début, ces manuels n’ont eu de cesse de minorer ou de discréditer les autrices après leur mort, ce qui perdurera jusqu’à nos jours, comme en témoigne la plus connue et la plus lue à l’Université, l’Histoire de la Littérature française au XVIIe siècle d’Antoine Adam, publiée en 1948 (dont « seulement quelques pages sont consacrées aux autrices de la fin du siècle et uniquement pour s’en moquer ou les condamner »).

Car ce n’est pas tant leur présence dans le champ littéraire d’aujourd’hui qui pose problème que leur difficulté à durer et une volonté d’effacer leurs noms de nos mémoires et de nos bibliothèques depuis des siècles.

Les éditions Hors d’atteinte, avec ce premier tome intitulé Autrices, ces grandes effacées qui ont fait la littérature, consacrent une étude importante à une première période allant du Moyen Age au XVIIe siècle. Deux autres tomes sont à venir en septembre 2023 pour le XVIIIe et le XIXe, et septembre 2024, pour le XXe siècle à nos jours.

Cette anthologie de textes d’autrices depuis le Moyen-Âge construite en deux grandes parties (biographies et textes) défend chaque autrice dans son style propre, ses exigences et même parfois sa génialité. Et non – comme ont voulu le véhiculer quelques-uns – ces femmes n’ont pas écrit des œuvres qui se ressembleraient par leur forme et leur contenu.

On y apprend par exemple que la première œuvre écrite est celle d’une femme, Enheduanna, une poétesse de l’extrême sud de la Mésopotamie vers 2300 avant notre ère. On y découvre l’engagement entêté d’autrices comme, entre autres, Christine de Pizan qui, en prenant la défense des femmes contre les misogynes, initiera une des polémiques les plus longues : la Querelles des femmes (quoique la plus vite oubliée).

À chaque polémique sur l’écriture des femmes se pose la question du « genre » en littérature contre l’essentialisme des misogynes qui aimeraient bien continuer à cantonner les femmes dans leur cuisine. Faire retour sur l’histoire littéraire des autrices permet de vérifier et de diffuser leur combat pour exister. Car leur existence au fil des siècles demeure un sujet brûlant comme en témoigne l’actualité du Prix Nobel de littérature 2022, décerné à Annie Ernaux. Très vite, la polémique a révélé la fragilité de la légitimité d’un auteur femme. Celle-ci se trouve aussitôt remise en doute, voire vilipendée, ici, parce que son écriture blanche renverrait à quelque chose de trop intime du genre de la confession quand il s’agit bien moins d’autobiographie que de rendre compte d’une intimité qui appelle à l’universalité. Annie Ernaux n’écrit-elle pas, d’ailleurs : « Je ne suis pas une femme qui écrit, je suis quelqu’un qui écrit » (Le Vrai Lieu, Gallimard). Vouée aux gémonies des réseaux sociaux tout autant, elle est, bien heureusement, à l’inverse, acclamée et reconnue dans sa grande légitimité du côté des USA ou du jury suédois qui l’a consacrée contre l’idée que se font certains encore en France du « Grand écrivain ».

 

La littérature, une affaire d’hommes ?

Si donc, les hommes étaient plus représentés en littérature au Moyen Age, c’est du seul fait indéniable que les femmes étaient « empêchées ». Et du fait qu’elles étaient assignées aux tâches ménagères, elles y étaient d’autant plus facilement renvoyées. Virginia Woolf, avec Une chambre à soi, avait déjà mentionné l’accès difficile, voire interdit à l’éducation des filles, les conditions matérielles inadaptées et le défaut d’indépendance financière, les entraves liées à la condition maritale et la maternité, les discours misogynes etc., tout comme l’a montré Annie Ernaux encore dans La Femme gelée et quelques autres de ses livres.

L’anthologie ne manque pas de rappeler qu’au Moyen Âge, celles qui ont écrit étaient issues de la noblesse, religieuses ou veuves. Certaines ont pu obtenir une certaine reconnaissance de leur vivant, depuis Marie de France et avant elle, la Comtesse de Die, Na Castelosa ou Azalaïs de Porcairagues, effacées des anthologies avec entre autres, Marguerite Porete, religieuse, Marie de Clèves, Jeanne Filleul. Ainsi, saviez-vous que les premiers écrits en langue vulgaire est le fait des femmes-troubadours du Sud de la France : les trobairitz ? Il reste peu de manuscrits de poésie médiévale et seulement une vingtaine de noms de trobairitz qui ne sont pas de simples interprètes, mais bien des poétesses et compositrices. Elles écrivent la souffrance d’aimer en vers et en chanson dans ce genre troubadour tant prisé à l’époque. Quant aux religieuses, elles explorent les textes spirituels et avancent lentement vers les domaines plus savants.

La talentueuse et savante Christine de Pizan (1365-vers 1430) sera même la première à vivre de sa plume. Première voix féministe et autrice prolifique courageuse, de 1399 à 1429, elle signe trente ouvrages et s’occupe elle-même de la production et de la diffusion de son œuvre. Rien ne l’impressionne, elle n’hésitera pas à dénoncer les propos misogynes d’Ovide dans l’Art d’aimer ou de Guillaume de Lorris dans Le Roman de la Rose. Son écriture bouscule par sa verve et sa brillance.

« En rendant publiques ses lettres privées, Christine de Pizan devient la première voix féministe à sortir du rang et à faire sa place sur la scène publique. […] Elle met son écriture au service des femmes, promeut l’éducation des jeunes filles et condamne la violence des hommes. »

Elle est aussi la première écrivaine à conquérir l’écriture savante loin de l’amour courtois ou de la poésie lyrique très prisés à la Cour du Moyen Age, et à attester que les femmes ont des capacités intellectuelles qu’il revient à l’école d’honorer.

Très controversée, elle sera la « première victime d’une vaste campagne de mépris et de discrédit » et d’une censure très étendue de son œuvre majeure. Elle demeurera absente très longtemps des ouvrages d’histoire littéraire du vingtième siècle. Le père de cette discipline, G. Lanson, a appelé à la mépriser dans son Histoire de la littérature française (1895), lequel attaquait les autrices sur leur prétendues limites intellectuelles et immoralité.

Le sort des femmes écrivains s’aggrave paradoxalement dans ce siècle de Renaissance qui voit naître le mouvement humaniste. Elles voient leurs droits se restreindre, leurs pouvoirs contestés, et l’accès aux études fermé. Souvent isolées, célibataires, veuves, soignantes, environ 100 000 femmes seront jugées pour sorcellerie, décapitées, brûlées, victimes d’un féminicide de masse qui se prolonge jusqu’au XVIIIe siècle. La Reine Anne Boleyn, ou encore Léonora Dori, sont les premières à critiquer la chasse aux sorcières. L’invention de l’imprimerie sera une révolution qui donnera aux femmes l’accès à la publication, au savoir, à l’alphabétisation et à la culture de l’écrit.

Marguerite de Navarre a été une « pionnière » en publiant ses écrits et a connu un grand succès qui a inspiré beaucoup d’autrices. Son Heptaméron dont les nouvelles rapportent autant « d’agressions sexuelles, viols, harcèlement, féminicides, mariages imposés, misogynie assumée », « plaidoyer obstiné contre les violences faites aux femmes a longtemps été considéré comme une œuvre légère voire grivoise ». C’est désormais la première œuvre d’une femme de la Renaissance à avoir figuré à l’agrégation en 1991 puis en 2020, tout comme Louise Labbé en 2006.

Outre les nouvelles et le roman, la poésie est un genre très prisé par les femmes. Louise Labbé en demeure la plus connue et la plus étudiée de nos jours. Elle a fait l’objet d’attaques sur sa légitimité d’autrice et sa réputation personnelle.

On découvre une constante déjà, toutes ces femmes exhortent les femmes à écrire et à œuvrer pour leur reconnaissance. Le combat féministe va de pair avec le désir des hommes de les évincer.

« Nous tenons les hommes

Des lieux où nous sommes,

Tous empêchés à filer ;

Leur lâche courage

D’un plus bel ouvrage

N’est digne de se mêler ;

Si quelqu’un de vous

S’en fâche contre nous

Qu’il vienne quereller »,

écrit Catherine Fradonnet dans sa « Chanson des Amazones » (Les Oeuvres, Droz) dont les pièces de théâtre se sont vu attribuées après sa mort à Jules Guersens, un poète ami.

Car si les femmes étaient ridiculisées, niées, et jugées indignes d’écrire, leur talent sitôt qu’il se révélait ne pouvait leur être attribué. Si le texte est bon c’est qu’un homme se cachait derrière, n’est-ce pas, autre procédé tout aussi ignoble que cette ré-attribution de leurs œuvres à des auteurs.

Faire l’éloge des femmes, à la manière de Boccace le poète florentin (1313-1375), entrer dans la « Querelle des femmes » et prendre leur défense contre les misogynies qui les déclaraient incapables, en célébrant des figures féminines mythologiques, Catherine Fradonnet y excellera avec sa mère Madeleine Neveu, indissociables l’une de l’autre dans toutes les biographies.

« Les hommes ont de l’autorité,

Contre raison et contre l’équité.

Mais envers toi, fille qui m’es si proche,

Ce me serait un grand blâme et reproche

De te conduire au sentier plus battu,

Vu que ton cœur est né à la vertu. »

(Madeleine Neveu, « Epître à ma fille » qui dans ses poèmes comme dans ses lettres, défend l’éducation des femmes, en particulier l’enseignement des lettres).

Outre la poésie, les chansons, le théâtre, la fiction narrative est également attaquée, surtout quand le sujet en est précisément la prudence vis-à-vis des hommes et de leur pouvoir sur les femmes, en amour comme en société. Ainsi l’exemple de « Angoisses douloureuses qui procèdent d’amour », de Helisenne de Crenne, qui s’inscrit dans la veine psychologique, « Instruction pour les jeunes dames » de Marie de Romieu, « Apologie des dames de Jacqueline de Miremont » ou encore « Les Misères de la femme mariée » de Nicole Estienne et son « Apologie ou défense pour les femmes contre ceux qui les méprisent » :

« Non les femmes ne s’accommodaient pas de leurs mariages forcés avec les hommes deux ou trois fois plus vieux qu’elles ni de la soumission qu’on attendait d’elles par respect des coutumes » et oui, leurs voix s’élevaient déjà contre ces souffrances et ces inégalités.

Charlotte de Brochat, religieuse, rédige en 1604 une Harangue adressée « aux hommes qui veuillent défendre la science aux femmes » et Marie de Gournay également, à qui on a reproché de s’en être inspirée pour rédiger son « Egalité des hommes et des femmes ».

Ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que la situation commence à évoluer, avec les nouveaux ordres féminins catholiques (Ursulines, Visitandines) qui ouvrent des classes aux femmes.

L’engagement politique est un autre point important de leur légitimité, dès le 16e siècle, siècle riche en événements historiques et religieux dont se sont emparés nombre d’écrivains, puis le théâtre et le cinéma. Dans ce contexte de guerre de religion, les femmes s’engagent pour dénoncer la violence et exprimer leur indignation, elles réclament leur participation aux débats qui opposent les deux clans, protestants et catholiques, voire appellent à la rébellion.

Marguerite de Valois, figure majeure du XVIe, bien connue par le public comme la Reine Margot, est aussi une femme politique et une autrice majeure de son temps. Ses Mémoires inciteront nombre de femmes et d’hommes à rédiger les leurs et sera l’initiatrice d’un genre nouveau, les Mémoires aristocratiques.

 

Innovations du Grand Siècle

Le XVIIe siècle est un siècle d’innovatrices. Madeleine de Scudéry, Mme de Lafayette, Marie de Sévigné. C’est aussi l’époque où un groupe de femmes surnommées « Les Amazones de la fronde » s’habillent en homme et participent aux combats. Peu à peu, les « autrices devenues plus nombreuses ont du succès et concurrencent les hommes ». Ces derniers accusent leurs romans d’immoralité et leur reprochent de pervertir la langue. Elles innovent de nouveau en créant un genre littéraire qui se révèle des plus rentables : le conte de fées.

Fin XVIIe siècle, dans un contexte d’austérité, le public raffole du merveilleux. On comptera parmi les magiciennes du genre : Marie-Catherine D’Aulnoy, la première à utiliser le terme « conte de fées » ; Henriette-Julie de Castelnau de Murat qui s’inspire du roman pastoral ; Charlotte-Rose de Caumont de la Force, autrice de nombreuses Histoires secrètes, fictions et amours des puissants ; Catherine Durand qui aime décrire des scènes de débauche et dépeindre les vices des puissants ; Louise d’Arneuil marque la fin de l’engouement pour les contes merveilleux qui laissent place à un nouveau phénomène littéraire : Les Mille et une nuits.

Perrault, en défenseur de la présence des femmes dans le domaine littéraire, fera publier anonymement dans le Mercure Galant, un des siens, en laissant croire qu’il s’agit de celui d’une femme. « Toutefois si les critiques des siècles suivants, en particulier Antoine Adam au XXe siècle, pour ne citer que lui, ne s’étaient pas attachés à rabaisser les contes écrits par des autrices en leur reprochant leur « fadeur » et en qualifiant la vie de ces dernières de scandaleuse et d’immorale (donc indigne d’être connue), nous nous souviendrions sans doute aussi de « L’Oiseau bleu » de Marie-Catherine d’Aulnoy, du « Prince des feuilles » d’Henriette-Julie de Murat ou encore de « Persinette » de Charlotte-Rose de Caumont de la Force. »

Le roman de Mademoiselle de Scudery, de 13 000 pages, est le roman le plus long de la littérature française, véritable best-seller, il remporte un vif succès commercial et celle qu’on appellera Sapho réunira les femmes de la noblesse dans son Salon. Ce sont les « Précieuses » (du nom du courant de la préciosité qui recherche un idéal de raffinement des relations et du langage). Parce qu’elles recherchent un raffinement du vocabulaire, des critiques reprochent alors aux précieuses du XVIIe siècle, de mettre en danger la langue française.

Ensuite, il sera question de théoriser les principes d’égalité hommes/femmes et de poser les conditions de l’émancipation des femmes. C’est à un homme qu’on doit le premier traité de l’Egalité des deux sexes, François Poullain de La Barre qui va nourrir le travail de Simone de Beauvoir. Mais on compte aussi la discrète Marie de Gournay, éditrice de Montaigne qui a également écrit un traité de l’égalité des sexes, ainsi que Gabrielle Suchon avec son « Petit Traité de la faiblesse, de la légèreté et de l’inconstance qu’on attribue aux femmes mal à propos », ou son « Traité de la morale et de la politique ».

On se souvient de la phrase assassine de N. Sarkozy à propos de la Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, c’est pourtant ce roman, centré sur l’introspection des personnages qui influencera par la suite bon nombre de romanciers et de romancières. Le Mercure Galant, journal de l’époque contribuera à la promotion des autrices et sera à l’avant-garde concernant le conte de fées initié par les femmes de cette fin de siècle.

Une autrice comme Anne de la Roche-Guilhen (Histoire des favorites) est également passée à la trappe, pourtant ses romans témoignent de l’influence qu’ont exercé les relations sentimentales des puissants souverains de France au temps des persécutions contre les protestants.

L’épistolaire n’est pas en reste et devient au XVIIe siècle, un genre à part entière. On compte parmi les plus célèbres Mme de Sévigné, œuvre incontournable du Grand siècle mais aussi la Duchesse de Montpensier, dont les Mémoires demeurent une « autobiographie des plus modernes écrite bien avant Rousseau et ses Confessions ».

« Françoise Pascal est la première dramaturge française à être jouée par des comédien.nes professionnel.les » devant le roi et à avoir composé pour Molière. Le théâtre qui est, en ce XVIIe siècle, le genre par excellence, compte une quinzaine de femmes dramaturges. La première d’entre elles à signer de son nom une tragédie chrétienne est Alberte-Barbe d’Ernécourt. Mais les autrices de théâtre sont particulièrement visées et menacées d’effacement. On les accuse d’être incapables d’écrire du théâtre, ou de ne pas être autrices de leurs pièces qui seront réattribuées à des hommes, c’est le cas de Catherine Bernard, sans doute la « plume le plus injustement oubliée », dont les œuvres ont été minorées, en particulier ses pièces de théâtre. Elle réinterprète des genres traditionnels et traite, par exemple dans Laodamie, « d’un sujet politique – le gouvernement des femmes- thème encore plus inaccessible pour ces dernières, afin d’explorer l’exercice du pouvoir au féminin. » Marie-Catherine Desjardins, la plus prolifique, fait scandale avec un sonnet dont le titre « Jouissance » est clairement à caractère érotique et fait scandale ; et Madame Ulrich est présentée comme femme de petite vertu après sa mort alors que c’était une femme de lettres hors du commun, grande amie de La Fontaine dont elle se fit l’éditrice après la mort de celui-ci. Marie-Anne Barbier est une autrice à l’oeuvre impressionnante par ses choix artistiques, et ce, malgré la place que tient son action dans la dénonciation de la spoliation des œuvres, elle y dénonce les critiques « envieux de [sa] gloire » et défend le talent des écrivaines de son siècle. Marie-Angélique de Gomez se distingue, quant à elle, par ses sujets historiques.

Ma recension est certes longue et détaillée mais la lecture de cet ouvrage est véritablement passionnante et instructive. Il faut transmettre ces textes, faire connaître ces autrices. Ce manuel en proposant des extraits très longs s’y emploie magnifiquement et donne envie d’aller lire plus loin les éditions citées. S’il n’est pas encore à l’ordre du jour d’intégrer de tels ouvrages dans les programmes scolaires, gageons que leur existence contribuera à la reconnaissance de ces autrices auprès d’un public élargi composé d’hommes et de femmes, de professeur.e.s, ayant à cœur de faire passer cette histoire des autrices injustement oubliées.

Il convient en effet de se réapproprier et de mettre en lumière notre matrimoine littéraire commun.

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