En cet avant-dernier dimanche de février, quelques RV à ne pas manquer…
Patrick ROBIN, Le Visage tout bleu, P.O.L, février 2022, 128 pages, 14 €.
Présentation. Je suis né avec le cordon ombilical enroulé autour du cou, le visage tout bleu. Ma mère ayant accouché chez ses parents, le médecin n’avait eu d’autre choix, pour me sortir de ce très mauvais pas, que de me faire respirer le seul oxygène disponible à proximité, celui utilisé par mon oncle, le forgeron du bourg, pour ses soudures au chalumeau. Un homme à qui je dois la vie ou au moins de ne pas avoir gardé de graves séquelles neurologiques de cette naissance.
J’aurais pu aussi ne pas naître. Le 30 juillet 1934 à 14 heures, la machine à vapeur qui entraîne depuis le matin la batteuse à blé au Grand Logis, une ferme du centre bourg de Beaulieu-sous-Bressuire (Deux-Sèvres), située à une cinquantaine de mètres du café tenu par mes grands-parents-maternels, explose. Neuf personnes sont tuées. Une pluie de pièces métalliques s’abat sur le bourg. L’une d’elles, une plaque de tôle, vient percuter violemment la porte du café de mes grands-parents. Devant laquelle ma mère, trois ans et demi à l’époque, joue la plupart du temps à cette heure.
J’aurais pu enfin mourir à 26 ans, comme R.. Il était fils de petits-commerçants comme moi, avait grandi à quelques kilomètres du gros bourg où j’ai passé mon enfance et mon adolescence. Ses parents étaient amis des miens. Je l’ai croisé plusieurs fois dans les années 90 au cours de mes séjours en Deux-Sèvres. Nous avions sympathisé. Il était silencieux, discret, un comportement aux antipodes de son milieu où l’on parlait et riait fort, qui me rappelait celui de l’adolescent que j’avais été, silencieux lui aussi au milieu du vacarme familial. Il suivait des études d’ingénieur, a obtenu son diplôme et trouvé du travail dans la région parisienne. Il s’est donné la mort deux ans plus tard, en 1997.
Mesurant ma chance d’être vivant, j’ai enquêté sur ces trois évènements, sur ce qu’ils disent du monde d’où je viens. Trois enquêtes qui en sont aussi une sur la nécessité vitale que j’ai eue de rester fidèle à ceux dont je suis issu et celle, tout aussi vitale, de devoir les quitter pour devenir ce que je voulais être.
Premières impressions. Saluons une démarche – l’objectivation empathique – qui nous permet de bien appréhender le monde des dominés et transfuges de classe, des années 30 à 90, au cours de trois histoires d’oxygène, si l’on peut dire : la première concerne la naissance même de l’auteur, sauvé par l’oxygène du forgeron, l’oncle Roger ; la seconde, l’explosion accidentelle d’une machine agricole, en pleine crise économique (1934), à cause d’un défaut (effet cocotte minute ?) ; la troisième, le suicide de Richard, qui manque d’air après avoir quitté son milieu originel. /FT/
Libr-événements
♦ Tracts, théâtre, radio, vidéo ou exposition. Traductions, livrets, performances. Liliane Giraudon vit dans un laboratoire d’idées et de voix multiples. Une écriture qui s’adapte, qui change et qui combat, une langue qui invente et s’émancipe. Son dernier texte, Polyphonie Penthésilée, est le fruit d’un braconnage dans nos vies. La braconnière nous rapporte dans ce long poème des morts plus vivants que les vivants, un homme qui mord un chien, une femme qui aboie, la peur et l’énigmatique beauté du monde.
Grand Soir jeudi 24 février à 20h.
Une rencontre animée par Nathalie Léger, à l’occasion de l’exposition La rage d’écrire, de Gustave Flaubert à Peter Handke exceptionnellement ouverte entre 19h et 20h.
Masterclass vendredi 25 février à 11h.
Abbaye d’Ardenne / IMEC
Réservation : reservations@imec-archives.com (précisez Grand Soir et/ou masterclass)
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♦ Dans le cadre de la 3ème édition du festival Les Échappées qui aura lieu du 1er mars 2022 au 31 mars 2022 dans tout le département du Val de Marne, le Générateur accueille une nouvelle fois artistes, poètes, musiciens et performeurs pendant le week-end du 12 au 13 mars.
POÉSIE NUMÉRIQUE ET PERFORMANCES
– Jacques Donguy et Sarah Cassenti –
Poésie numérique en Pure Data •
– Jacques Donguy –
– Anne-James Chaton –
Programmation visuelle : Hugo Hilaire
Evénements 19 sera publié sur le label NOTON au mois de septembre 2022.
CONCERT, POÉSIE SONORE ET PERFORMANCES
– Sarah Brown & Rosalie Bribes –
– Sébastien Lespinasse –
poésie sonore et performance
“ Celui qui parle est parlé par tous les bouts de la machine à dire.
Celui qui parle dissout son nom dans les identités intenses de la langue.
Celui qui parle est un animal exclamatif.
Ça prend les discours, les retourne dans tous les sens, ça parle d’en dessous, en langue secrète : nous partageons la même présence
Nous ne savons pas qui nous sommes. […]“
In progress existe depuis 2012, il a été créé au Théâtre Le Hangar à Toulouse lors du festival des Bruissonnantes.
– Nora Sigué (musicienne) & Rosalie Bribes (poète) –