Ce temps de Libr-vacance est idéal pour voir et écouter (ouïvoir) des voix et expériences singulières… Pour faire le black-out, avec Paul de Brancion…
UNE : faire le black-out…
Paul de Brancion, Black-out, illustrations de Thomas Beulaguet, éditions Plaine Page, coll. « Calepins », Barjols (83), mai 2023, 84 pages, 15 €, ISBN : 979-10-96646-46-3.
Quatrième de couverture. La main sur la souris et ses classiques en tête, Paul de Brancion détourne le flux numérisé du présent perpétuel. Son Black-out retourne ici les selfies comme des vanités et zappe les série TV en cut-up de memento mori. Est-ce le temps qui passe ou nos contemporains qui nous dépassent ? Ni aigri ni cynique, l’auteur observe le monde qui va vite et dérape. Black-out offre le luxe sobre et frugal d’un temps de pause, d’arrêts sur image qui résistent au mainstream. Sous le chaos, la page.
Note de lecture /FT/
BLACK-OUT,
ce « texte désuni, réinscrit dans le monde par effraction technique, raccroc illogique, presque rupture idéologique » (p. 7)…
ces fulgurances, « effets de réels fictifs et concrets que j’ai éprouvés au visionnage de ladite série » (8)…
BLACK-OUT,
ces éclats qui mettent en tension dit et non-dit, mettent en sourdine un monde sous tension « entre l’accumulation / et l’intelligence créative » (15)…
BLACK-OUT,
cette orchestration qui s’appréhende horizontalement (écriture fragmentaire + illustrations en regard, qui arborent notre mythologie hollywoodienne) et verticalement (citations qui mettent le texte en perspective)…
BLACK-OUT…
Ou un précipité de nos vies, nos vides :
« téléphone
sms
vibreur / alarme / buzz
Tweet Whatsapp » (17)…
BLACK-OUT…
Une fenêtre sur un monde inhumain :
« y a de méchants crétins
partout
en ce XXIe siècle
ça pullule
se reproduit comme des paramécies
des blobs américains » (18)…
BLACK-OUT…
pour mieux saisir en quoi nos séries à la fois orchestrent et dévoilent la sérialisation / stérilisation de nos vies…
BLACK-OUT…
pour trouer le tissu discursif qui masque notre Réel :
« ça écrit
parle
raconte
décrit
presque par hasard
à force d’évacuer les sujets
d’aduler le commentaire
la description adossée sur
un réel supposé visible
on tombe dans le vide
néant » (56)…
BLACK-OUT…
pour « réinventer / une part du langage » (59)… « recréer le monde / dénué des appétits /cyniques / accumulations / discours mitrés / récupérations des données » (67)…
À ouïvoir…
► Sur Liminaire, de Pierre Ménard : workshop sur « écritures & nouvelles technologies » (Journée d’études : « Écritures numériques : la parole au corps »).
Ou comment articuler individuel et collectif, réel et virtuel, réalité et fiction, autoportrait et autofiction…
► ZORAUX sont arrivés… À l’initiative de la nouvelle direction de TXT, sur RDWA, 39 podcasts de 15 minutes vous font goûter des pratiques poétiques singulières : avec quelques commentaires, lectures souvent polyphoniques et augmentées (musique, mixage, bruitages).
► Explorez l’univers de la LittéraTube, sur lequel on peut (re)lire le riche ouvrage en libre accès de Gilles Bonnet, Erika Fülop et Gaëlle Théval…
► Découvrez les podcasts de La Vie manifeste…
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Merci Fabrice pour cette belle sélection d’expériences singulières. Merci pour la mention du workshop sur les « écritures & nouvelles technologies » ainsi que l’ouvrage sur la littéraTube. Ravi de découvrir également les Zoraux que j’avoue je ne connaissais pas : https://rdwa.fr/thematiques/les-zoraux/les-zoraux-001/
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C’est un réel plaisir cher Pierre !
Je vais d’ailleurs faire découvrir ce passionnant workshop à mes étudiants et tester leur inventivité.