[Création] Daniel Cabanis, Groupes de parole (5/6)

[Création] Daniel Cabanis, Groupes de parole (5/6)

février 18, 2024
in Category: Création, UNE
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[Création] Daniel Cabanis, Groupes de parole (5/6)

[Lire/voir la 4e livraison]

5 — Salon brun / Verbatim

Groupe E : Selvie Grattier / Gentiane Cernaut / Banny Delkoff / Mussel Brault / Jodelle Ferniant

Gabell est une de mes amies mariée avec un perchiste. Un calvaire, dit-elle. Ces sportifs de haut niveau sont des raseurs. Ils ne bandent que pour des médailles d’or, ou d’argent : les J.O., pensent qu’à ça. Forcément, Gabell délaissée est allée voir ailleurs, et a multiplié les amants. Maintenant qu’elle veut divorcer, le perchiste la menace de mort. Elle s’est enfuie, et réfugiée chez moi. Elle a peur. Moi aussi.

Tu auras ma mort sur la conscience, m’avait dit Rodger. Ça ne m’a pas retenue, je l’ai quitté. Six jours après, il meurt accidentellement au Salon de l’Agriculture, écrasé au solpar un taureau de concours (Gengis-K, 1428 kg selon le rapport de police) suite à une glissade. Je ne sais pas ce que Rod faisait là, lui, l’intello schizo qui détestait la bouse et le purin. Avait-t-il voulu se changer les idées ? Mystère.

Vu sur Internet, l’hôtel Maurice à Meyras (Ardèche) nous semblait idéal, Rémi a donc réservé. Bref, nous y voilà. Dès notre arrivée, la déconvenue a été totale. Temps pourri, orages, + un car de touristes en perdition qu’il a fallu accueillir. On a dû partager notre chambre (et le lit) avec un petit couple de ploucs homos en voyage de noces. Rémi a trouvé ça assez folklo. Moi, non : je savais pas qu’il était bi.

À l’agence, j’ai dirigé le service Défunts de Complaisance : ce sont des gens se déclarant disposés au suicide afin que d’autres profitent de leurs biens et fortunes. L’altruisme à ce stade-là étant assez rare, les suicidaires ne se bousculaient pas mais enfin il y en avait. Notre affaire tournait gentiment. Et puis on a eu quelques rétractations de dernière minute qu’il a bien fallu liquider. Eh oui. J’ai des remords.

J’ai le chic pour me faire arnaquer. L’an dernier, un baratineur m’a vendu au prix fort un canapé convertible qui ne l’était pas. En cuir, disait-il, d’où son prix. Or, c’était du skaï. Et bien sûr, ni reprise ni remboursement. J’ai contacté une association de consommateurs. Il a fallu adhérer et payer en + un avocat spécialisé canapé : très cher et ça n’a rien donné. Je me suis encore fait avoir. C’est désespérant.

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