Pour bien lancer un mois de juin dense, après une pause d’une quinzaine de jours, voici deux livres à découvrir en priorité et deux Libr-événements…
UNE : va paraître… (sélection de juin)
Fabrice Thumerel
Véronique BERGEN, Voyage avec Zoë Lund, Lanskine, à paraître le 12 juin 2025, 48 pages, 14 €. [Commander à l’éditeur]
Présentation éditoriale. Véronique Bergen nous emmène à la rencontre de Zoë Lund, actrice, scénariste, musicienne, compositrice, mannequin, écrivaine, née à New York en 1962., fille de Barbara Lekberg, sculptrice, et de Victor Tamerlis, marchand de livres rares d’origine grecque. Elle fut la co-scénariste des films d’Abel Ferrara dans lesquels elle jouas, Ms. 45 et Bad Lieutenant. Multiple, insaisissable, c’était créatrice boulimique. qui fit de l’héroïne une mystique, et voua un culte au rituel du shoot. Personnalité flamboyante elle incarne l’underground new yorkais des années 70. Le texte de Véronique Bergen s’accompage de portraits photographiques ainsi que des extraits de certains des poèmes et textes de Zoë Lund.
Note de lecture. Ce Voyage de Véronique Bergen est à mettre en regard avec la série de biofictions trashs qui a marqué ses débuts, dont l’érotopoésie était frappante. Avec l’une de ses doubles, donc : Edie Sedgwick (1943-1971) / Marilyn Monroe (1926-1962) / Unica Zürn (1916-1970) / Janis Joplin (1943-1970), ombre et lumière, Eros et Thanatos… Edie/Marylin/Janis, ces trois déesses qui ont pour Sainte Trinité la baise, la cam et l’alcool… Zoë, la fée des rats, fait en effet partie des « figures tragiques » dans lesquelles elle se reconnaît, son panthéon « de junkies fantasques, de vagabondes flirtant avec l’abîme, grands inadaptés de l’existence » (p. 6).
Mais cette fois l’écrivaine a opté pour une écriture du Zébrage en vue de nous transporter dans « la dialectique du vide de l’angoisse » (9) – histoire de se débarrasser de la gangue moribonde des phrases et des mots lisses… À coups de translations et de télescopages, ça troue et ça trash au rythme des « pulsations de l’underground punk » (13) :
« stone tu affrontes le monde
en intraveineuse tu t’inocules la musique du feu
tu grimpes dans les nuits de l’enfance
ton corps rechargé en came danse jusqu’à la naissance des atomes
accroupie sur des verbes nyctalopes
tu scrutes
l’aurore rose appelée par Rimbaud » (14).
UNE : vient de paraître…
Fabrice Thumerel
Philippe LABAUNE, LYRZMS, éditions Sans Crispation, Pontoise, avril 2025, 92 pages, 14 €.
Présentation éditoriale. LYRIZMS, ce sont soixante matins pour dire et redire le monde, là, maintenant, pour ne pas mourir, regarder les oiseaux, veiller, chercher… les fleurs et chasser les démons…
Note de lecture. LYRZMS… nom imprononçable, comme le fut en son temps celui d’une revue d’avant-garde, TXT, à la nouvelle version de laquelle Philippe Labaune collabore du reste.
Le problème avec le lyrisme, c’est qu’on a l’impression qu’il est éternel, accompagnant la vie humaine depuis la-nuit-des-temps, puisque nos chants nous ont toujours échappé… Ce lyrisme-éternel annexe toute expérience humaine : Amour, Révolution… Dialogue avec la Nature, les fantômes…
Comment dire notre être-au-monde en y échappant ? En le dé-figurant, ne serait-ce que dans l’évocation syncopée de soixante matins :
« Ses mains sur son cul. Regard lentement. Le galbe des jambes. La nuit a saisi ce mouvement immobile. Ce pur saut cet équilibre p // cet équilibre parfait. Danse dans ses rêves. Nuptiale. Une danse. Envol allongée cette pure courbe. Désir comme des fous. La joie joyeuse. Impudique. Comme des fous. […] » (p. 41).
Libr-événements
► À partir du 5 juin, RV Des hauts de Ménilmontant : hommage à Jean-Pierre VERHEGGEN… Nuit Blanche de la poésie…
►RV avec Danielle Mémoire au CipM du 12 juin au 6 septembre :