[Texte] Philippe Jaffeux, Courants oubliés (extrait) [dossier 2/3]

[Texte] Philippe Jaffeux, Courants oubliés (extrait) [dossier 2/3]

juillet 11, 2025
in Category: Création, UNE
0 752 25
[Texte] Philippe Jaffeux, Courants oubliés (extrait) [dossier 2/3]

Notre folie nous entend à la lettre lorsque nous hallucinons la voie de toutes les musiques.
Commencer par ne plus savoir écrire pour finir par découvrir ce que l’alphabet veut dire.
La présence des animaux sauve tous les arts parce qu’elle réussit à domestiquer la beauté.
Un ordinateur sorcier cristallise au mieux des lettres exorcisées par l’impureté du silicium.
La destruction du vide est impossible puisqu’il est à l’origine de toutes les suppressions.
Le savoir-vivre des chiens nous domestique avec la bravoure cynique d’une morale enragée.
La parole nous écoute enfin lorsque nous entendons ce que les mots ne peuvent pas dire.
Les cercles nourrissent notre avenir avec des cycles qui affament tous nos espoirs vicieux.
Le calcul d’une pensée est trop compliqué pour être soustrait à l’opération d’une idée.
L’ordinateur manipule d’autant mieux nos cerveaux que notre intelligence est un artifice.
Les lettres détrônent la photographie car elles sont les seules à pouvoir révéler nos images.
S’articuler avec des joies asociales pour résister aux entorses de nos sociétés désespérées.
Notre imagination nous alimente si elle nourrit notre peur d’être dévoré par notre culture.
L’alphabet est porté par l’habileté d’un artisanat qui se décharge de la lourdeur de l’art.
Le chaos ira toujours plus loin qu’un concept qui tente de le réduire en une théorie lisible.
Le chant s’articule avec l’origine de la parole car le cosmos reconnaît tous les rythmes.
Se souvenir de ce que nous devons oublier pour servir une volte-face de notre mémoire.
Les mots comprennent ce que nous voulons savoir si nous les écrivons pour nous ignorer.
Le pouvoir ne peut pas être un savoir puisqu’il est exclusivement exercé par des idiots.
Les films fuiront notre imagination tant que notre cerveau continuera à faire son cinéma.
Une page atteint le sommet de sa froideur lorsqu’une neige éternelle recouvre sa blancheur.
La musique est le silence se manifestent toujours en même temps car ils précèdent la parole.
Les mots commettent l’erreur d’être écrits pour nous apprendre à parler correctement.
La faiblesse invincible des nourrissons conserve notre vulnérabilité dans une force éclairée.
Un renversement intempestif de l’esthétique reconnaît l’utilité d’une beauté inappréciable.
Les lettres ne nous font pas de mal tant que nous parlons de ce qui ne peut pas être écrit.

, , , , ,
librCritique

Autres articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *