[Texte] Philippe Jaffeux, John Coltrane (extrait de PAGES)

avril 8, 2020
in Category: Création, UNE
0 544 5
[Texte] Philippe Jaffeux, John Coltrane (extrait de PAGES)

C’est avec plaisir que nous publions ce deuxième extrait de Pages [voir le premier], prochain recueil de Philippe Jaffeux  qui devrait être édité cette année par les éditions Plaine Page. Pages est composé avec 52 (2X26) pages qui tentent d’articuler l’immédiateté des images (poésie spatiale) avec celle de la musique. 52 représente aussi le nombre de semaines dans une année. [Écouter Coltrane : My Favorite Things]

 

Une seule phrase dépourvue de ponctuation s’allonge pour évoquer une élévation horizontale de John Coltrane, des mots déstabilisés explorent l’étendue d’une composition qui s’équilibre sur les improvisations d’un espace méditatif, le savoir mystique d’une ignorance étaye l’expansion spirituelle d’une musique minimale, des lignes musicales poursuivent l’élan d’un chaos créateur grâce à des sons qui tournent autour d’eux-mêmes, une page bousculée rencontre des lettres traduites par le souffle d’un saxophoniste inspiré, un blues répétitif s’étire dans le cadre d’un jeu décalé avec des variations troublantes, un instrument bouleverse la mélodie ou l’harmonie pour parler à l’interprétation d’une longueur complexe,  une respiration de l’Afrique et de l’Orient accélère ou ralentit une image grâce au tempo d’une écriture incertaine, des lignes s’ouvrent sur l’évolution d’un risque qui est mis en mouvement par des sons en quête de liberté, le renouvellement incessant d’un torrent de notes existe soudain dans un éveil de l’univers, l’alphabet perd ses repères dans un flot continu de sons obsédants qui attirent le cri d’un animal, une vibration de la mer est mise en résonance avec une plongée dans le monde d’une longueur mélancolique, l’écoute inquiète d’un horizon désinvolte assoupli une page qui rompt avec une écriture conventionnelle,  la place d’un quartet légendaire occupe la situation d’une langue décrite par de nouvelles sonorités, la respiration d’un saxophoniste ténor époustoufle des mots grâce à une vingtaine de virgules soutenues par la pulsation chancelante d’une seule phrase, des lettres s’échappent dans un tourbillon de notes qui scandent les envolées d’une rythmique lancinante, la dimension vocale d’un saxophone exacerbe une tension extatique grâce au timbre d’un alphabet phonétique

, , ,
librCritique

Autres articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *