Mais toujours
Est une extinction
De la répétition même
Du procédé successif
L’obsession, un rapport plus étroit avec la vie
Sur la route, l’esprit, un animal mort,
l’éviter-
Logorrhée
ça parle dans ça parle dans ça parle
ça colle aux bifurcations
ça crache du sang
C’est trop fragile
on tisse
on ne tisse rien du tout
La précision d’un détail est ce qui rend paradoxalement la mémoire insignifiante. On le garde, le préserve, et nous ne savons pas quoi en faire
Une petite usine de l’imaginaire
« La poésie n’est pas un dîner de gala »
Quand je me réveille, je change de rêve
Microgouttelette est un poème court
une machine stérile
une écriture inclusive dans la dispersion d’air
Il y avait un LED
et ce serait un neurone volatil
La règle est un ballet fort bien chorégraphié, elle empêche l’errance de la foulée, avec son geste tentaculaire des petites choses. Elle court-circuite la pensée qu’elle détourne de ne pas penser
L’écologie sociale est une hygiène de vie
Une abstraction est une attraction qui s’est désarrimée à la structure, un vertige de la praticabilité dans l’inouï de la forme
Le film de la mémoire est une musique placentaire, des bouts de langues qui attisent les capsules d’une scène qui ne se déroule jamais
La virilité est cette déchèterie du sensible, une extrémité qui recule devant son rêve de lucidité
Ce serait une révolution que d’entendre vraiment sa voix
Et je change de stratégie, je lui ai dit que l’on buvait des corps
Et il y eut de la rosée sur le bout de sa langue
Travailler le son, comme la terre effritée, glisse entre les doigts
On ne parle pas de corpulence du son, mais de son gras
Il y a à l’intérieur du son, un corps : petit groove
Pour rendre sensible la pulpe du doigt, tu dois mettre en valeur l’articulation, sa fluidité
On ne traduit pas un son, car il est un bulbe qui se rétracte
Ça prend du temps une idée à devenir vraie – pour le son, c’est encore plus long – plus lointain –
Nettoie ton jeu, qu’il soit grand et maigre
Il ne faut pas de son qui serait un arbre mort sur pied
Un code est aussi un petit son, réduit
L’image contient peut-être un son dans sa gueule
L’image contient peut-être un son : c’est ce monde qui doit tomber
Un son n’est jamais vide, il est plein du vide – le réchauffe –
Si tu ne danses pas, tu meurs
Dépressions sur-mesure ou dépressions a-typiques, il vous faudra choisir
On est là dehors, mais encore dans la langue qui nous coupe
La beauté du geste est une fiction que la technique opère sous différentes parenthèses, une frontière ténue entre l’idée et le théâtre de l’idée
Ecrire plus vite que toute la vie passée dans un son
Déjouer la physique et se placer sous les tourbillons
Je suis une vague avec le dérèglement climatique
La mélancolie vient peut-être de là, de ce trop d’attention à, cet excès – on ne quitte jamais ce lieu de pouvoir qu’elle exerce –
Instaurer le flux enfantin comme principe inductif à l’effondrement déductif du vieux monde industriel
Il remue avec l’énergie de la fatigue
« La pédale, la pédale », n’oubliez pas son mouvement lourd mais vivant
Les sons, je les cogne les uns contre les autres, ce serait presque l’animal dont tu te sens proche
Un son projeté en ombre de son, cette luxation de l’âme, cette impression d’être démuni
De la linéarité au fragment, mais il y a de la linéarité en tout fragment, ces glissements
Il était là avec ses pancartes autour du cou, droit, les inscriptions à peine formées en sus, les petites phrases de la néo-ruralité
Déprimé par anticipation, le mélancolique ne l’est jamais. Il ne l’est que par cette impossible traversée d’un présent, qu’il sonde comme personne
Aurait-il découvert le bruit de la tristesse ?
Le son comme un nuancier de la tristesse
Il y aurait un classement des larmes, le signe d’une empreinte de l’archive lacrymale
Il est un accordement dans l’espace divisé des objets
Travaille ta langue, travaille ta bio-masse : on comprend que ce sont les vers, les insectes et les racines qui aèrent le vivant
Je voudrais de l’œil dans l’inconsistance des mâchoires, dans les boucles de localisations
Le bord est un secours de la forme indépliée
Le son est une fonction d’un indéplié qui se soulève
(…)
Inédit, 2022
Sébastien Ecorce, prof de neurobiologie, Salpetrière / ICM, co-responsable du financement de projet et de la plateforme neurocytolab,créateur graphique, poète.
Bandeau et reproduction en arrière-plan : © S. Jaffe