[News-chronique] Qu’est-ce que la poésie pour vous ? (revue COCKPIT, n° 23)

avril 12, 2023
in Category: chronique, livres reçus, News, UNE
1 1263 15
[News-chronique] Qu’est-ce que la poésie pour vous ? (revue COCKPIT, n° 23)

Rendez-vous pour la parution et la présentation du n°23 de la Revue Cockpit samedi 15 avril 2023 à 15h30 au Fonds de dotation Enseigne des Oudin, 4 rue Martel, à Paris 10e ! — avec Christophe Fiat et Charlotte Rolland – cheville ouvrière de la revue. [Sur Christophe Fiat et Cockpit]
227 réponses à cette question « Qu’est-ce que la poésie pour vous ? » (Liste des contributeurs ci-dessous).

Qu’est-ce que la poésie pour vous ? 

Réponse complète de Fabrice Thumerel
(dans ce numéro, seul figure le 2e §)

Comment définir objectivement ou positivement la poésie ? L’expérience formaliste/structuraliste a eu au moins le mérite de démontrer (par l’absurde souvent) que les pratiques poétiques ne sauraient être subsumées sous l’appellation de « fonction poétique » : aucun énoncé n’est poétique en soi ; de même, aucune phrase, aussi simple soit-elle, n’est a prioriexclue du champ poétique. De l’inutilité de la poésie en poésie, donc. D’autant que, depuis plus de soixante ans, grâce aux dernières avant-gardes qui, pour certaines, s’inscrivaient en droite ligne du dadaïsme et du surréalisme, et aux écritures expérimentales les plus diverses, l’acception restreinte du terme « poésie » a dû reculer de toutes parts. Dans cette perspective, à la suite de Philippe Castellin on parlera de poésie.

Nulle poésie n’existe intrinsèquement : la poésie n’existe que par rapport à ce que l’on pourrait
appeler l’a-poésie, dont les formes varient selon les états du champ et les usages sociaux. Ce qui a fait poésie à un moment donné ne le fait plus dix, vingt ou trente ans plus tard ; ce qui est considéré comme « poétique » dans un espace social ne l’est pas dans un autre. La Poésie n’existe évidemment pas : n’existent que des pratiques efficientes – ou non. Une forme peut être qualifiée de « poétique » dès lors qu’elle ne ressortit manifestement pas à l’a-poésie, ce qui, loin de constituer une tautologie, s’avère complexe : la pohérésie, c’est tourner le dos à la poiésis pour tenter d’écouler de la fausse monnaie, c’est-à-dire recycler des formes usées ou faire passer une simple technique pour une véritable poétique.

Derechef, assez de LyrismEternel, de poésie blanche ou bleue ou rose ou verte, de cut-up et de stand-up, d’ersatz et de spectacle, de poésie objectiviste ou opportuniste, de (peudo)performance et de jactance. Quel que soit le support, poiésis suppose assurément le niement de notre (im)monde, l’évidement des discours positifs, le tourbillonnement des formes – l’autrement des êtres et des choses.

, , , , , , ,
Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

Autres articles

1 comment

  1. François CROSNIER
    Reply

    Merci pour cette belle réponse, cher Fabrice !

    Compte tenu de l’état présent du champ et des usages sociaux, pour mon usage personnel, j’appelle poésie, dans l’urgence et en attendant mieux, tout ce qui est irréductible à (qui résiste à, qui n’est pas reproductible par) la dite « intelligence artificielle ».

    Amicalement
    François Crosnier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *