Il aura fallu déposer le vivant, l’autre version du vivant où on commence à réécrire la version du vivant le mot que tu cherches une petite seconde avant c’était le mot qui n’existait plus oublié enfoui sous la terre ça n’existait plus je le repose le mot que je cherche quelque chose s’est posé peut-être une autre version du vivant c’est réel je voudrais qu’il me pique je reste là être sûr qu’il y en a d’autres un temps où ça recommence à écrire où on recommence à réécrire on dépose le monde qui touche aux lèvres il passe tout près de notre oreille dans la terre le bourdonnement cet espace ébloui par le soleil je tourne une page elle est petite la page elle est petite la page de nos vies c’est une petite onde dans les feuilles de pertes c’est une flexion ventriculaire pour ça que les versions existent le sens des choses celles qu’on nous raconte ce ne sont pas des contes ce sont des phases des formations de choses des versions du vivant de l’histoire un souffle léger une porte ouverte quelque chose qui monte dans les yeux inonde le visage se transforme en rire au moment exact où la tache de lumière parcourt chaque point sa vitesse on voudrait aller avec elle mémoriser cette tache de lumière elle remplit maintenant l’espace on se regarde on remplit on comprend elle amplifie elle seule du contenu change de direction elle rase nos vies elle traverse transperce elle sort dehors entre dedans s’échappe ce qu’on savait croyait savoir s’échappe on peut être ailleurs maintenant ailleurs tu recherches la nature les autres versions du vivant on écrit les autres versions les versions des autres les tempêtes de formes on s’écrit s’évade on croit s’évader se diluer diviser et les autres après qui vont tenir dans leurs mains le livre des versions des autres le livre des gorges des autres le mauvais rêve tout enfoui celui qu’on invente celui qui te fait écrire ça tu ne le trouveras pas dans le dictionnaire tu chercheras toujours le mot on aura continué d’écrire continué à tourner les pages tu vas continuer à chercher sans trouver continuer à ne pas raconter on est là sans être là échappés on file tout droit dans l’angle d’une réplication c’est une vision panoptique toutes ces versions du vivant c’est une vision par la crosse de l’œil du cyclone sous la chaleur elle recherche les yeux-miroirs tu t’absentes comme un chien attend un enfant qui rêve c’est comme jouer l’autre version une odeur de généalogie des déroutes contre la vitre une vitesse celle qu’on invente pour ne pas raconter celle qu’on invente retenue par les cordes des nerfs sismiques celle qu’on invente pour se salir d’une danse porcine buvant la source cachée d’une langue noire le transport par la coloration des versions par où elle disparaît retourne par où elle s’absente
histoire du vivant des frontières d’ouïes de métaphores mobiles une greffe insécable ce ne sont pas des inénarrables des fictions plastiques pour vivre l’hypothèse anecdotique les souris les rats ont aussi un taux de renouvellement dans la langue une autre version modifiée tu chercheras ce mot par cathéter t’allonger incertaine incurable la pointe aiguë d’un vecteur réduire le vacarme la zone limite la zone frontière l’accessibilité tu voudras remodeler l’espace des versions l’échelle du cycle ton geste de légère inhibition mammifère on écrit les cibles la chromatine du mot un petit couplage coincé dans sa contraction son excitation tu t’exprimes comme un porc dans la phrase la chaîne lourde pour le cœur humain un son régional le battement des filaments cet espace de contractilité réduite le livre des isoformes des autres versions la similitude des autres versions avec les cœurs plusieurs mains la postcharge accrue des espèces la paroi autour des sites de pertes la mosaïque de témoins une réplique un versant des collusions d’une syntaxe métastasique ce ne sont pas que des mots si tu secouais les mots sur une nuance de couleur particulière si la répétition avait moins à voir avec la version brisée la quantité sur la quantité pure si les quantités de versions pouvaient te secouer entraînés par la couleur de nos manifestations naturelles de retenir son souffle le rideau tiré sur l’horreur le jus épais qui coule d’un éclat de lune argentée l’extraction de chaque geste mouvement pigment et thésaurisation du reste couper à travers une image une vague le fait de claquer continuellement contre l’eau d’être rouge et noir de couper à travers la diagonalisation d’une main chaque doigt étant suffisant pour explorer et tenir la catastrophe en cours les nuits où les vagues se couvrent d’argent quand elles atteignent la gueule de la lune enfonce un doigt à l’intérieur et regarde si tu existes encore les regards croisés les rencontres les rencontres fortuites un ange noir comme un angle différent la façon dont tu pourrais aussi bien te retourner brûler tout ce livre des versions de reposer là amer comme du jus tu en ressors la vie raccommodée ces paquets que l’on froisse tous ces destins derrière la couleur dire le toujours froid un manège du vivant ce désir rythmique pour oublier les mots avalés par la neige les pieds soulevés les vivants en dedans
(…)
Sébastien Ecorce, professeur de neurobiologie (Pitié Salpetrière),
co-responsable de la plateforme de financement de projets(neurocytolab),
gribouilleur de mots, créateur graphique, pianiste.
Dernière parution : Prismes aux éditions RéaltA.
© Visuels : S. Polke.