[Chronique] Sarah Keryna, Tant et plus, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

[Chronique] Sarah Keryna, Tant et plus, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

juillet 2, 2023
in Category: chronique, livres reçus, UNE
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[Chronique] Sarah Keryna, Tant et plus, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

Sarah Keryna, Tant et plus, Fidel Anthelme X, « La Moesta », février 2023, 54 pages, 10 €, ISBN : 978-2-490300-22-8.

 

Sous couverture jaquette mobile dont l’envers est un agenda surchargé de notes, aux trois temps, récit, journal, poème, de l’écriture de poète, récit et journal séparés par près de quinze ans, un hommage mûri, déblayant ses encombres, tenant lieu de deuil de mère à « passer au tamis / les différentes strates de sa vie ».

Dans l’appartement à débarrasser au plus tôt par l’autrice et son frère pour le rendre à la ville, tant et plus d’« objets cassés ou inutilisables, abandonnés », rebuts chargés d’un souvenir, à évacuer derechef, classés en « plusieurs types d’accumulation […] : / – Les objets pratiques : collections d’éponges, produits ménagers, piles électriques, ampoules, lampes, ficelles, boîtes d’allumettes, sachets de graines […] lacets, boulons, punaises, élastiques, boîtes à trombones, rouleaux de Sopalin […] /  – Les choses se rapportant à ses sorties culturelles : billets de concerts, d’expositions, de films, de spectacles, de pièces de théâtre […] catalogues, prospectus. / – Ses affaires de classe [elle est institutrice] : livres scolaires, feuilles, règles, gommes, compas, classeurs, intercalaires, […] les puzzles, les petits bricolages de ses élèves, leurs dessins, les photos de classe, mais aussi : une caisse entière de feutres, des bouchons en liège […] des bouteilles et des pots de yaourts vides, des bogues de marrons, des noyaux d’avocats, qu’elle destinait à des activités pédagogiques ».

Pour aérer cela, une petite plaquette alternant ses trois modes, des bribes de poèmes prenant le large, le Journal reprenant après de longues plages de récit, les italiques du Journal remontant des romaines du récit, les italiques d’un corps inférieur distinguant le Journal tenu par la mère dans sa dernière année, carnets retrouvés sous une pile de linge.

« Distiller le réel, mais sans le fixer. »

Mère emportée par un cancer, celui du deuil impossible de son aînée morte à quatorze ans que la grand-mère, catholique pratiquante, lui a fait chèrement payer. Mère préférant le grec au latin et férue d’étymologies, juste un peu plus intellectuelle que ne le permettaient son milieu et son modeste salaire d’institutrice. Mère divorcée d’un mari évanescent. À cela s’ajoute que la vie en HLM dans les environs d’Aix est plus cruelle qu’en climat tempéré.

Une question, toutefois : était-il bien nécessaire de qualifier dès les premières pages cette accumulation d’objets, cette incapacité à se séparer de rien d’une qui n’a pas été l’élue de sa mère, aimée par procuration, de syllogomanie aux symptômes répertoriés ?

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