[Chronique] Les soleils de Jean-Luc Parant (1944-2022), hommage de Fabrice Thumerel

[Chronique] Les soleils de Jean-Luc Parant (1944-2022), hommage de Fabrice Thumerel

août 1, 2022
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[Chronique] Les soleils de Jean-Luc Parant (1944-2022), hommage de Fabrice Thumerel

Le 25 juillet dernier, le poète et peintre Jean-Luc Parant (1944-2022) a migré vers d’autres soleils − entamant son devenir-astral… Et nous sommes tourneboulés.
Résonnent alors tout particulièrement ces lignes extraites de son dernier opus, dont la couverture conjugue dans le serpentin du S le yang et le yin, le soleil et la nuit, la lumière et l’obscurité, le visible et l’invisible  :

« Nous sommes apparus pour disparaître. Nous ne sommes pas apparus dans un autre but que celui de disparaître. Ce qui compte ce sont les tours de terre que nous faisons chaque jour devant le soleil si proche qui nous éclaire, les tours de terre que nous faisons chaque nuit devant tous les soleils si lointains qui nous éteignent. Ce qui compte c’est le voyage que nous avons entrepris chaque année pour faire le tour complet de cette boule de feu suspendue au-dessus de nous dans le vide » (p. 11).

 

Jean-Luc PARANT, Soleil la nuit, Les Presses du réel, coll. « Al dante », été 2022, 56 pages, 9 €, ISBN : 978-2-37896-331-6.

Après, dans la même collection, Soleil absent (2020) et Soleil des autres (2021), voici Soleil la nuit… Faisons nôtre cette remarque de Jean-Paul Gavard-Perret qui ouvre sa chronique sur Soleil double. Le lisible, l’illisible (Fata Morgana, 2020) : « Et si après tout Jean-Luc Parant n’en finissait jamais boule après boule, tête après texte et yeux dans les yeux à écrire au fil du temps une cantate de formation aux déformations limpides en autobiographie indirecte ? »

Embarqués sur notre boule qui ne tourne pas bien rond autour d’une énorme boule ignée que nos globes oculaires peuvent contempler de loin, dans cette cosmopoésie qui se développe par mouvements amples, nous sommes invités à trouer l’espace fini grâce à une enivrante évasion du regard, à migrer vers des espaces infinis au moyen d’un troisième œil seul capable de visions. Car nous sommes tous des migrants. Le cheminement proposé nous conduit du visible à l’invisible : « Car la vraie lumière c’est quand le soleil a disparu dans la nuit » (18)… C’est alors qu' »il faut changer de lumière pour voir à l’intérieur » (24).

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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