Matthieu LORIN, Un corps qu’on dépeuple, Exopotamie, en librairie depuis le 21 novembre 2023, 66 pages, 15 €, ISBN : 978-2-494-31601-0. [Couverture : © Sébastien Montag – Écho & Narcisse, Puisque les forêts feront des déserts #1 (acrylique sur toile, 2022)]
« Rancœurs et frottements, la morale tourne
dans le vide comme la chance, un ralenti ou
une sauce.
Elle creuse le corps, démonte les viscères.
Retirez les os tant qu’on y est pour que la peau
me retombe comme un drap,
une inquiétude verticale. »
Pas de thématique identifiable, creusée ou essorée, dont le jus dessinerait une série de textes à peu près calibrés.
Quelle serait la forme de notre corps sans morsures lentes par les dentelles métalliques du questionnement métaphysique ? Sans la rêche et sèche contamination opérée par une haine qui se dissout dans une langue interrogeant le médiocre et ses espaces peuplés ? – cavité – mensonges décomposés – menaces – pour plus et davantage de grillages – de coups bas – os et désespoir – généalogie que l’on plastifie – les équivoques usées – déviées
« J’ai égrené chaque souvenir au papier
abrasif. Obtenu une surface lisse et remise
à nu que j’ai recouverte de mes émeutes, en
passes croisées.
Depuis, je laisse l’ensemble sécher à température
ambiante,
Le temps d’une vie. »
Matthieu Lorin écrit après Cédric Demangeot. Il serait bon d’identifier ceux qui écrivent après celui qui soumet notre œil, notre ouïe et notre haine à la pensée la plus dense. Les retrouver, leur coller une procédure de police. Ou les lire.
Du sang neuf, ruisseaux ou fleuves (& hors canaux), cela peu après le Tom Saja, Cette main qui tient le feu (même maison – à suivre !), qui lui n’écrit pas dans les traces du plus anarchiste des poètes français des quinze dernières années, mais dans celles de Jim Harrison et Gary Snyder, en restaurant la douceur et le sentiment filial. La famille n’est pas toujours l’ennemie en littérature, et notamment en poésie.
Être surpris sans être piégé ne m’arrive pas tous les jours dans ma vie de lecteur. Je crois en l’écriture et au devenir de Tom Saja. Aussi.
Matthieu Lorin est parti pour écrire deux livres par an minimum et cela jusqu’à l’effondrement total et attendu. L’éboulement du temps (je lis en boule ou (au) déboulé, dès réception) est annoncée à paraître le 01 février 2024 Aux cailloux des chemins, Cartographie d’une rancune (miam, me dis-je) courant 2025 à La Crypte. Olé !