[Chronique] Christian Viguié, Comme une lune noire sur ma table, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

mars 7, 2024
in Category: chronique, livres reçus, UNE
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[Chronique] Christian Viguié, Comme une lune noire sur ma table, par CHRISTOPHE STOLOWICKI

Christian Viguié, Comme une lune noire sur ma table, La Table ronde, paru en librairie ce jeudi 7 mars 2024, 176 pages, 17 €, ISBN : 979-10-371-1343-6.

Rien qu’au titre, confirmé par l’exergue (« À mes premiers compagnons / donc à ma sœur Monique et à mon frère Thierry » dont « donc » trahit le relâchement du propos annoncé, l’affadit d’avance), on devine un livre flottant, suspendu à des fils lâches, sans nécessité de l’écrire, de ceux qui ne mangent pas de pain, et moins encore de brioche. Insipide, ou de peu de sapidité.

« N’avoir qu’un même cœur / […] // et pourquoi / ce cœur ne serait-il pas / l’énigme d’un soleil rouge / pétale d’un soleil levant / pétale d’un soleil couchant ? » Oui, pourquoi, pourquoi pas, le soleil a bon dos. Le même dos de requin que « du sable qui est comme des étoiles sous leurs pieds ».  Lune ou soleil ou autres astres à portée de main, une poésie tiède se rabat sur tous les poncifs poétisants consensuels.

Si encore Christian Viguié était un mauvais poète, comme votre serviteur et les myriades qui s’essaient à l’art de tête de gondole, mais non, il est médiocre, au sens classique de moyen : « j’invente un poème / qui a la forme d’un poisson / d’un chou-fleur ou d’une prune » – pas de quoi hérisser les spécistes ni les végétariennes.

De l’épais volume je n’ai retenu qu’un texte où transparaît une notation vraie : « je me souviens / du corps de cette femme / Son corps frémissait / comme le vent au milieu de l’herbe », mais quel besoin d’y ajouter « Peut-être m’apprend-elle encore / à voyager / à enfermer le soleil dans une larme » – ce sempiternel soleil ?

Je retrouve Ballade du vent et du roseau, le précédent recueil de Christian Viguié chez le même éditeur, qui reprend pour l’essentiel des poèmes de 1996 et de 1997, vibrants d’émotion et d’un parti pris de solitude. En un quart de siècle il a pris le temps de devenir un écrivain professionnel, auteur de théâtre et romancier, un poète professionnel dont la poésie n’est plus qu’une corde à son arc.

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