[Chronique] Wilfrid Rouff et Daniel Cabanis, PETITS PAINS & CONCATÉNATIONS, calendrier 2021, par Bruno Fern

[Chronique] Wilfrid Rouff et Daniel Cabanis, PETITS PAINS & CONCATÉNATIONS, calendrier 2021, par Bruno Fern

décembre 26, 2020
in Category: chronique, livres reçus, UNE
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[Chronique] Wilfrid Rouff et Daniel Cabanis, PETITS PAINS & CONCATÉNATIONS, calendrier 2021, par Bruno Fern

PETITS PAINS & CONCATÉNATIONS, calendrier 2021, par Wilfrid Rouff et Daniel Cabanis. Pour tous renseignements et commandes (rencontre avec les auteurs le 9 janvier, de 15H à 19H, rue Darwin 75018 Paris) : site + mails [wilfrid.rouff@gmail.com] / [daniel.cabanis@wanadoo.fr]

 

Entre Daniel Cabanis, contre-producteur (sic), mais ayant pourtant déjà produit de nombreux textes, pense-bêtes idiots(re-sic) et autres bricoles, et Wilfrid Rouff, photographe et artiste conceptuel, existe une amitié faite de multiples collaborations depuis plus de quarante ans. « Rouff évoque Fluxus comme une vieille étagère et Cabanis est, par alliance, le neveu d’Oulipo et de la banalyse », écrit d’eux Pascal Letellier dans sa préface à ce qui est leur dernier ouvrage en commun, ce calendrier 2021 que l’on peut tout autant considérer comme un livre d’artiste.

Les 2496 photographies de Wilfrid Rouff sont celles d’objets banals mis en vente sur le net : globes terrestres, miroirs, chaises, boules, crucifix, poignées, échelles, etc. Pour chacun des douze mois, la même catégorie d’objet correspond à 192 petites photos disposées de façon à former un carré. Présentées ainsi, elles constituent autant de tableaux à l’unité hétéroclite où apparaît aussi bien une intimité, chaque d’objet dit d’occasion étant marqué par un usage personnel, qu’une dépersonnalisation, le déferlement marchand mondialisé générant uniformisation et donc anonymat.

À ces images Daniel Cabanis répond avec pertinence par douze textes construits selon le principe du dorica castra, c’est-à-dire celui ayant notamment engendré la fameuse comptine Trois p’tits chats, textes qui commencent tous par « J’ai… [des boules, des miroirs, etc.] ». C’est ainsi qu’il parvient à créer à son tour un univers où s’entrelacent un fond commun mêlant références savantes et populaires à travers un discours qui relève avant tout du non-sens par la logique strictement sonore du protocole choisi. Cela dit, le lecteur ne peut pas s’empêcher de rechercher une cohérence dans certains enchaînements, même si elle n’exclut heureusement pas la cocasserie – échantillons : « tant va la cruche à l’eau alopécie galopante pente glissante » ; « quartiers de noblesse blessures par balles Bal tragique à Colombey on baisse les bras » ; « serrons-nous la main maintenant ou jamais ah mais non nonobstant stand-by » ; « ouh là là Allah est grand Grandeur et Décadence danse du ventre »  Bref, on tient là une œuvre qui reflète à sa manière ce mélange d’ordonnancement et de foutoir que charrie dans nos vies la succession des jours.

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