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[Entretien] « Ce que les femmes font à la poésie » (4) : entretien de Fabrice Thumerel avec Aurélie Olivier

mars 20, 2022
in Category: entretien, UNE
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[Entretien] « Ce que les femmes font à la poésie » (4) : entretien de Fabrice Thumerel avec Aurélie Olivier

Suite à la parution en décembre dernier de Polyphonie Penthésilée (P.O.L, 144 pages), mais également, en ce début janvier 2022, d’une anthologie proposée par Marie de Quatrebarbes aux
éditions du Corridor bleu, Madame tout le monde, ce dossier qui emprunte son titre à l’une
des sections de Polyphonie Penthésilée pour réunir entretiens, extraits (inédits pour la plupart) et chroniques, vise à donner un aperçu complémentaire de la création actuelle au féminin, tout en donnant la parole à des poétesses sur leurs pratiques comme sur les conditions qui leur sont faites dans cet espace éditorial de circulation restreinte : environ deux tiers d’entre elles (61,5% exactement) ont participé à l’une ou l’autre de ces deux aventures collectives cruciales que sont Lettres aux jeunes poétesses (L’Arche, 2021) et Madame tout le monde ; ajoutons deux autres variables, l’âge (pour l’instant : une septuagénaire, une sexagénaire, une quinquagénaire, six quadragénaires et quatre trentenaires) et les lieux d’édition (une petite trentaine). Les trois mêmes questions sont posées à chacune afin de construire un éventail de réponses qui, à défaut de constituer une enquête conforme à tous les critères propres aux sciences sociales, n’en est pas moins significative.

Après l’entretien de Liliane Giraudon et celui de Sandra MOUSSEMPÈS, voici celui avec Aurélie Olivier, qui a dirigé le volume Lettres aux jeunes poétesses (L’Arche, 2021).

 

FT. On te doit le volume publié l’été dernier, Lettres aux jeunes poétesses : quel en était le principe ? Quelles en étaient les attentes ?

AO. Lettres aux jeunes poétesses est la réponse de 21 poétes·ses aux questions : qu’auriez-vous envie d’écrire à un·e jeune poéte·sse ? Qu’auriez-vous aimé qu’on vous écrive lorsque vous étiez vous-même un·e jeune poéte·sse ? Avec cette invitation, j’avais envie de créer un espace ouvert, représentatif, transgénérationnel et contaminant de solidarité féministe au sein de la poésie. À mi-chemin entre la chorale et l’avalanche

FT. Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

AO. Le Centre Pompidou qui avait donné une carte blanche à l’association Littérature, etc. que je dirige, puis Les éditions de l’Arche ont été immédiatement enthousiastes à l’idée d’accueillir le projet. Et il faudrait leur demander en direct, mais je crois que les poétes·ses invité·es ont pris du plaisir à écrire leurs lettres. En réalité, pour être en mesure de proposer ce recueil, il fallait déjà que j’ai réussi à survivre, en tant que jeune femme issue d’une famille d’agriculteurs, au sein du milieu littéraire où j’ai commencé à travailler à partir de 19 ans (d’abord en librairie) : les difficultés étaient derrière moi.

FT. T’attendais-tu à un tel succès critique et commercial (plus de 5 000 exemplaires vendus !) ?

AO. Imaginer ce livre collectif sur la question de l’autorisation et de la poésie a été fondamental pour moi, mais j’avoue que je suis encore régulièrement surprise par l’engouement qu’il suscite et les échos qu’il rencontre.

FT. Même question qu’aux autres contributrices : un #MeToo dans le milieu poétique serait-il nécessaire ?

AO. Absolument, comme partout ailleurs.

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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