[Texte] Sébastien Ecorce, Notes, semailles (Mouvement II)

[Texte] Sébastien Ecorce, Notes, semailles (Mouvement II)

mars 24, 2023
in Category: Création, UNE
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[Texte] Sébastien Ecorce, Notes, semailles (Mouvement II)

. Chaque espèce est un monde de sons, une forme solide de silence dit. Un corps de la pensée. Et avec chaque dialecte noyé, chaque lexique échoué, le monde qui est un univers de tout. Ces royaumes du savoir en savent le moins, le moins que le monde vivant ne devienne moins vivant.

 

. Se mettre en route, en quête de ce que j’appelle la seconde innocence, celle qui viendrait après le savoir, ou celle qui ne sait plus, celle qui sait ne pas savoir. Ne plus savoir. Planté. Là. Celle qui ouvre la porte lourde du regard.

 

. L’enfant remue en des abysses. C’est son jeu de lumière qui dérègle déjà son parcours dans l’aiguillon d’une vie. Une chair claire de chemise tendue.

 

. Le nu de l’aiguillon et la douceur du son des gouttes qui roulent

 

. Une porte lourde qui ouvre sur des idées claires, des ombres maigres

 

. Ferme les yeux. Enfourne une poignée de mots, dans le paquet encore tiède

 

. Humer longuement l’odeur impérieuse du manque

 

. Elle appuie un instant sur le conducteur du hasard et le mirage des apparitions

 

. Ne pas savoir placer sur le grand papier : le soleil cru, la place vide

 

. Coucher un mot comme un cadavre flotte à la surface.

 

. En angle rapporté, le trait pauvre

 

. Recevoir une enveloppe, une mise en facteur

 

. Tu voulais séparer les variables. Mais tu as déjà oublié les conditions initiales. Serais-tu tenté par le récursif ?

 

. Tension verticale. A l’à-pic.

 

. Pion de chair. Quelle ouverture tenteras-tu ?

 

. Entre le métal et ta peau, la mémoire d’une fleur trop petite

 

. Une arme dans tes bras, c’est toute l’histoire d’une robe, sa retombée, verticale et souple

 

. Les enfants sont leurs premières armes. Leurs armes de premières intentions. Des franchisseurs de lignes. Des bâtisseurs fantômes de fronts.

 

. Les cendres, bains de couleurs. Sur les peaux. Les visages. Distance. Proximité. La valeur absolue de la mimétique.

 

. Visage : fonction d’une promesse

 

. Peau : fonction du projectile

 

. Dans le même lit, qui représente qui, dans l’accélération.

 

. Recevoir une image, une nouvelle intégration.

 

. L’inaccessible est un point limite dans l’élévation de son bruit

 

. Une fleur de poitrine et c’est le dos qui regarde le ciel

 

. Ce qui verse à la distance

 

. Le souffle est une trajectoire de frayeur surmontée

 

. La chambrée d’une voix, une cage qui tremble

 

. Que fais-tu avec ton gilet par balle ? Je suce du bitume lourd et racle des visières noires le chaotique des pavés

 

. Ils nous éclairent pour nous détruire

 

. Le poème ne craint pas la dissidence

 

. S’éclaircir la gorge ou brûler l’étourneau d’une dissidence

 

. Un algorithme s’est glissé dans le sommeil. Ou le sommeil est déjà un algorithme

 

. La fluence permet de gérer l’incertitude

 

. En toute action existe une procédure de révision

 

. Extraire l’information distribuée dans un groupe et pour approximer le vrai

 

. Le poème permet de briser l’habitude cognitive (de metafluence)

 

 .  Le désapprentissage est une opportunité instrumentale ou cognitive susceptible d’être mémorisée et de guider l’action

 

. Le vinaigre rendra certaines cellules blanches

 

. Je récite des peintures que je n’ai pas encore vues

 

. Il voudrait rebondir sur le soupir d’un oiseau aspiré

 

. Et si ses lettres étaient des épingles de sureté

 

. Peut-être l’équinoxe. Peut-être l’homéostasie. Peut-être que la peau d’orange éclaircit le noir des pensées. Et la cicatrice sur mon visage donne une conférence sur la beauté d’une figue

 

. Peut-être un steak végétalien zéro déchet

 

. Peut-être le facteur détient l’ascenseur

 

. Le papier découpé des livres non lus

 

. L’autocorrection de la maternité sur une odeur d’eau de javel

 

. Et les ombres de feuilles calcinent nos poitrines

 

. Pas une symphonie mais un bourdonnement. Peut-être un son pour gencives ulcérées.

 

. Le terrain de jeu : le cratère de rue. Une forêt de jeu. A travers les tuyaux, une galerie de réserve antique. Le jeu est une écoute attentive.

 

. Spéculer sur où ?

 

. Regardez vos graphiques le matin. Les montagnes sortent par le haut de la courbe.

 

. Dire que c’était une bibliothèque. Une vie.

 

. Le squelette juste du mot. Ou son épine dorsale. Sa mer a dégagé une phrase, une vie.

 

. L’eau salée coule dans tes vertèbres.

 

. Des images de couleurs fanées redessinées par la peau.

 

. Un nuage d’encre comme seule évidence

 

. Un crabe-fantôme chasseur de sillages.

 

. Le cerveau à dix bras est un mollusque très développé.

 

. Que serait une exo-couleur qui renforce le sentiment d’estime de soi ?

 

. Je cherche l’ambigüité interne d’une couleur, sa variance d’incertitude, l’exactitude de ces mouvements de similitude

 

. Parce que la lettre, c’est une toute petite chose invisible, un peu comme l’oubli ou la mémoire, ou quelque chose comme cela qui démange un peu

 

. Les fantômes sont réels. Et ce ne sont pas toujours ceux qu’on appelle qui viennent

 

. Mes élèves m’ont demandé ce que signifiait la douleur alors j’ai tranché le doigt d’une poupée avec une lame de rasoir là sur la chaire. Il n’y avait pas de sang, pas de battement de cils, je leur ai dit que c’était ça la douleur

 

. Vos cicatrices ne devraient jamais durer plus de deux ans. La douleur a besoin d’une table rase pour jouer.

 

. La colère est l’émotion des hommes. En ajoutant du sucre, du citron vert et du sel, vous pouvez transformer la colère en tristesse, et devenir cet étranger qui ne comprend pas.

 

. Quand il dit que vous laissez faire, ne répondez pas. Mettez ses doigts dans votre bouche et retenez votre respiration quand il vous le demande : Qui t’a appris à te détester ? Toi-même ?

 

(…)

Sébastien Ecorce, Professeur de neurobiologie,
co-responsable du Neurocytolab, Salpêtrière, Icm,
bricoleurs de mots (publication chez Publie.net, Ex libris, revues…),
créateur graphique, collectionneur

En arrière-plan : © F. Fontcuberta

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librCritique

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1 comment

  1. ecorcejj
    Reply

    Sébastien. Je viens de lire ton texte envoyé et non en diagonale J’aime beaucoup cette poésie. Cela me séduit assez.
    Geneviève aime beaucoup ta peinture rouge envoyée.

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