Après un rendez-vous estival à ne pas manquer demain à Paris autour de Fréquence Mulholland de Sandra Moussempès, nos Libr-livres reçus favoriseront votre Libr-vacance… Mais tout d’abord, votre Bulletin de l’Agence Tumorale de Communication Disruptive…
Bulletin de l’Agence Tumorale de Communication Disruptive
Féru de dividendes et de divisions
Micro Imperator a sclarifié
Marianne…
À tort Micron 1er
a fait ruisseler le pleupleu qui plaçait
son espéRANCE
en la nouvelle fRANCE
Mais pas de quoi mouiller sa chemise
ce n’est que partie remise
l’Ordre liberanal
a plus d’un étron dans son sac
et bientôt nous engluera dans l’étron-national
Libr-événement de la semaine
Fréquence Mulholland, le dernier recueil de Sandra Moussempès, explore l’imaginaire cinématographique de Mulholland Drive. Construit comme une variation poétique et laboratoire des images, ce livre travaille le déplacement des références intimes aux atmosphères lynchéennes pour déployer une poésie de cinéma.
La rencontre sera suivie d’une projection du film Mulholland Drive.
Ouverture des portes dès 20h
Ticket pour la soirée : 5 euros
(ro.perez@francemel.fr)
► Sandra MOUSSEMPÈS, Fréquence Mulholland, éditions MF, septembre 2023, 136 pages, 15 €.
Pour Sandra Moussempès, le poète se fait spirite : contre les « subconscients plastifiés », son esprit cherche « l’aura de l’ailleurs », à « ouvrir des portes qui donnent sur d’autres portes », à donner « sur une rue surnaturelle » (Colloque des télépathes, éditions de l’Attente, 2012, pp. 27, 23 et 83). Il doit viser la mise en crise des signes/signaux sociaux pour favoriser la mise en scène/voix des fantasmes et fantasmagories. D’où la prédilection affichée pour les atmosphères oniriques du cinéma.
Rien d’étonnant à ce que Sandra Moussempès tire un recueil entier de Mulholland Drive (2001), son film fétiche déjà évoqué dans certains de ses précédents livres, fascinée qu’elle est par la création d’ambiances singulières, les jeux de miroirs autofictifs… la tension entre parole et silence, rêve et réalité, réalité et représentations codées. Nous retrouvons ici Betty et Rita, mais d’un lieu de révélation Silencio est devenu un amant pervers, qui fait son cinéma de séducteur avant d’abandonner brutalement la narratrice : au passage, nous entrevoyons le « chemin de croix érotique » d’une « diagnostiquée hypersensible » qui, souffrant de dépendance affective, s’en remet à « une coach nouvelle génération » (p. 108) dont les injonctions sont tournées en dérision.
Dans un décor hollywoodien, entre autres, elle s’irréalise via ce chef-d’œuvre de David Lynch : dans sa camera obscuraintérieure défilent les figures obsessionnelles qui hantent ses livres (les sorcières Vesta et Lilith… la mauvaise mère… le père admiré…). L’écriture spectrale permet de donner corps à ses fantômes : « Par le biais du biopic fantôme, les voix off et les cris stridents prennent place dans le grain du papier, chaque page recelant sa tessiture divinatoire » (130). /Fabrice Thumerel/
Libr-livres reçus /FT/
► Christophe HANNA, Gloire, éditions Amsterdam, mai 2024, 180 pages, 16 €.
Présentation éditoriale. « Je n’ai jamais côtoyé de célébrités. Aujourd’hui, je peux dire que je n’en connais aucune, à la différence de ma mère et surtout de mon père qui m’a laissé entendre qu’il avait eu une relation avec la chanteuse yé-yé Sheila, quand il était étudiant à l’institut Fournier. »
Un matin, David, un brocanteur, m’avoue que, pour lui, commercer n’est qu’un hobby : il est avant tout joueur de poker professionnel, activité qui, dit-il avec enthousiasme, lui ouvre des portes vers d’autres mondes. Autour des tables de jeu, lors des tournois, il rencontre des stars, des gens uniques comme Patrick Bruel : peu d’intermédiaires nous en séparent, le monde est petit.
L’écriture de nos échanges courants nous permet de retracer ces relations, parfois hasardeuses, parfois apparemment plus nécessaires, qui nous relient, de proche en proche, à une vedette, une gloire : Patrick Bruel mais aussi Didier Raoult, Sophie Marceau, François Fillon, Christiane Taubira, Bernard-Henri Lévy…
Gloire reconstruit ces tissus d’affections et de désaffections, de liaisons et de déliaisons, et les constitue en formes sensibles de nos capitaux sociaux.
Libr-regard LC. Ne vous laissez pas prendre aux drôles d’équations qui, allant crescendo (de un nom à neuf), constituent les têtes de chapitre / d’affiche : « 1. David = Patrick Bruel », « 2. Stéphane + Jacqueline = Didier Raoult », « 3. Jean + Cyrille + Claude = Caroline Grimaldi »… Ce singulier dispositif va glissando d’un sujet à un autre (au double sens de personne et thème) pour tisser sa toile poétique.
► Gilles JALLET, Les Utopiques 2 : La Spirale de l’histoire, La Rumeur libre éditions, été 2024, 104 pages, 17 €.
par les chemins anéantis nous ne cessons d’aller (Miklos Bokor)
Présentation éditoriale. La Spirale de l’histoire s’inspire formellement des fresques éponymes que Miklos Bokor a gravées et peintes dans la chapelle de Maraden durant les années 1998-2002, ainsi que des peintures sur toile datant d’une période plus ancienne à partir de 1988, au moment où l’homme réapparaît dans sa peinture, jusqu’en 2010, l’année où il peignit son dernier tableau. Les titres des poèmes sont empruntés aux titres des tableaux ou des dessins au bistre de Miklos Bokor qui pour certains se retrouvent dans la fresque de Maraden.
Libr-regard LC. Pour comprendre le projet de Gilles Jallet, il faut remonter au premier tome des Utopiques, dont le titre même s’inscrit dans le prolongement des Pythiques de Pindare ou des Bucoliques de Virgile : il recueille des poèmes inéluctablement fragmentaires, en ce sens que tout texte dit « définitif » ne peut être qu’utopique, et bien évidemment porte « la trace des dieux disparus » (p. 7).
► Daniel POZNER, Désinvolture des engrenages, éditions Louise Bottu, été 2024, 88 pages, 13 €.
Présentation éditoriale. Lieux, traces, personnages, je vous les laisse. Des cubes, des flèches, des silhouettes, des mots. Savez-vous ce que vous aimeriez lire ? Tout est chaud, vrai, cassant. La main ouverte, les doigts serrés, je suis un peu plus loin.
Vous me raconterez.
Libr-regard LC. Un subtil tourbillon d’éléments et de références… Des inventaires, si l’on veut – mais différents des précédents. Toujours aussi virtuose, Daniel Pozner !
À vous de jouer, voleurs de mots !
► Marc-Émile THINEZ, Exercices à trous, éditions Louise Bottu, été 2024, 90 pages, 13 €.
« Variations poétiques autour du trou », nous dit sobrement l’éditeur sur son site en guise de présentation.
Mais on imagine bien que, comme à l’accoutumée, l’ingénieux poète amoureux des formes ne manque pas de ressources, ayant plus d’un trou dans son sac : de verdure rimbaldienne, de madame, des villes ou des champs, de Gascogne ou de gigogne, d’O, d’R ou du Q…