Merci à François Rannou pour ce texte quintessentiel [On pourra se reporter à l’entretien que le poète a accordé à Fabrice Thumerel le 29 juillet 2015 : « Déplacements poétiques de François Rannou »]
Que signifie se perdre lorsqu’on ne sait plus prononcer
un seul mot sans que les 150 nuances de parfum ne
parviennent plus à rendre la vérité sur soi-même aussi
crue que le foie qu’on extraira lors de l’opération du don
d’organes le spectre des idées des sensations oscille sans jamais
fixer un point de recouvrance on bute sur les cailloux on
tombe et la peau du bras et de la main s’arrache on
s’en rend compte lorsqu’on est par terre dans la rue
l’amour rend compte des nouvelles du jour avec un voisin
le regard tendu vers cet amour ne touche aucun regard
« c’est plus fort que moi tes lèvres » reste sans écho
nous n’acceptons plus les leçons du monde devenu
si ambigu qu’on attend un scénario au début improbable