[Création] Daniel Cabanis, Salon violet / Verbatim (Groupes de paroles 6/6)

[Création] Daniel Cabanis, Salon violet / Verbatim (Groupes de paroles 6/6)

avril 24, 2024
in Category: Création, UNE
0 479 12
[Création] Daniel Cabanis, Salon violet / Verbatim (Groupes de paroles 6/6)

[Lire/voir la 5e livraison]

6 — Salon violet / Verbatim

Groupe F : Pett Varnat / Clouven Droussin / Marlov Klarinski / Garonn Blaudel / Dalain Jouvon

Jill croyait qu’il suffit de s’asseoir autour d’une table et de se parler pour régler un conflit. Elle s’est beaucoup assise, ça n’a jamais rien réglé ; forcément, elle est devenue folle, disons bureaucratique. Sur tout et n’importe quoi, elle prend des notes, fait des fiches, crée des dossiers vides. C’est compulsif. Et, nouveaux conflits. On n’en sort pas. Sa dernière tocade : les statistiques. L’ivresse des statistiques !

Avec Brella, on est mariés depuis huit ans. Il y a un mois, son frère Gusso, ce soir-là porté à la confidence, me raconte qu’elle et lui ont eu autrefois de fréquents coïts de jeunesse et qu’ils fricotent encore ensemble à l’occasion. D’abord, je n’y ai pas cru. Blague douteuse, ai-je pensé. Mais après, il a donné des détails intimes fort probants. Bon, Brella nie en bloc. Gusso, mytho ? Je suis paumé. Qui croire ?

Monella n’arrivait pas. Toujours pas. Enfin, elle téléphone : J’ai un empêchement, je me fais remplacer. Désolée, je te rappellerai. Bye. J’aurais dû partir, j’ai fait l’erreur d’attendre. Gina est arrivée vingt minutes après, gesticulant, et claironnant : Hello, je suis là, Gina, la remplaçante. Pas discrète ; et vu sa dégaine, j’avais l’air d’un client. Il y a eu des ricanements. J’ai été montré du doigt. Ça m’a humilié.

Ma relation avec Janicia a duré cinq ans. Janicia est la sœur jumelle de ma mère. Elle avait pris les devants, je me suis laissé faire. Belle femme (la 40taine à l’époque), irrésistible. Je m’étais bien inquiété auprès du Dr Mougell, mon psy de confort : il avait été catégorique. Sûr, jeune homme : il n’y a pas inceste. Aucunement. Vous pouvez y aller franco. Oui, il avait dit y aller franco et aussi au cu ne ment.

Le jour de notre mariage, Julianne ne s’est pas présentée : la noce a dû être annulée. J’ai été ridicule. Le soir même, j’ai su qu’elle avait pris la tangente avec un type ; et le lendemain, que ce type était Luis Bonell, un photographe soi-disant mode/charme, qui l’avait séduite avec son bagout flash et ses appareils numériques. Malgré ça, je me suis remarié peu après. Avec sa sœur. Si Julianne revient, on verra.

, , ,
librCritique

Autres articles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *