[Chronique] Christophe Stolowicki, Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer

[Chronique] Christophe Stolowicki, Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer

mai 14, 2021
in Category: chronique, UNE
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[Chronique] Christophe Stolowicki, Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer

Cinq minutes après, on ne comprend plus la boutade – ce n’est pas une affaire d’intellect. Peut-on rester, revenir à volonté à cette hauteur, ce diapason, cette largesse ? La comprend-on mieux à vingt ans, s’en détourne-t-on quand l’échéance approche ? Ou la comprend-on mieux de parti pris de connaissance de peu de cause ? Et d’encore moins de réalité, Breton rejailli de son pesant de Ponge ?

Que faut-il ? Du courage mental ? Un lyrisme non cabotin ?

Vivre à étiage de rêve plutôt qu’à hauteur de pensée ? Au déboulé du sens onirique, qui vaut les cinq réunis, le sixième y compris ? Au démoulé, au démêloir d’une clef des songes ?

Cela, et plus encore, qui est l’essence de la poésie. Celle d’Héraclite, de Rimbaud, de Char – de qui encore ?

Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer affiche, à l’encontre de la maxime et de l’aphorisme, la boutade comme le mode de penser de qui panse donc essuie son être, dont les cogitations ont tant pris de bande et de gîte que ci-gît la raison sur le seul mode de la résonance. Une seule note de Thelonious Monk contient tout un thème et sa réfutation, le saint-thésard Hegel coulant avec Descartes et quelques autres.

Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer fait sauter Sciences Po et l’ENA et délivre de leur carcan nos « élites » qui retrouvent le chemin du « profit » dans leur langue, au moins pas l’américain.

Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer dynamite l’activisme religieux, réservant aux églises leur seule fonction mnémonique, patrimoniale.

Nombre imaginaire, si la mort n’existait pas – sans la dénouer résout l’équation gordienne.

Boutade litote d’un paradoxe, aporie à bon port, si la mort n’existait pas rend hommage à Oscar Wilde, le prince paradoxe.

D’exaltation de vie, la mort réduite le lendemain à suppression de maux, rien à faire. Il a suffi de relire Homère, et l’éternelle jeunesse des dieux, et que résonne son écho en nous.

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